En 2015, Nastassja Martin a survécu à l’attaque d’un ours. Un drame dont elle tire “Croire aux fauves”, un récit qui rappelle nos liens et nos responsabilités envers le non-humain.
“Maintenant tu es miedka.” Celle que le fauve n’a pas voulu tuer, juste “marquer”. Pour toujours, désormais, “moitié humaine, moitié ours.”
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En août 2015, sur les plateaux glacés d’un volcan de l’Extrême-Orient russe, l’anthropologue française Nastassja Martin croise la route d’un ours. Dans la mêlée, le prédateur lui mord la jambe, le visage, emporte une partie de sa mâchoire. C’est un coup de piolet qui finira par le faire lâcher-prise.
Aujourd’hui dans Croire aux fauves, récit évanescent, poétique et politique, Martin fait résonner la réalité de ce corps-à-corps avec les mythes animistes du peuple even dont elle étudiait la culture. Convalescente, défigurée, l’autrice écrit : “Un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent.”
Habitée par l’esprit du fauve qui en la mordant l’a partiellement “colonisée”, métamorphosée, l’anthropologue explore la porosité des limites physiques entre l’humain et la bête. A la faveur de pastilles oniriques, rêves plus ou moins éveillés, elle réfléchit à la connexion ancestrale au vivant, à “l’extérieur”.
A l’heure de l’extrême urgence environnementale, alors que la société occidentale n’a jamais paru aussi déconnectée de l’état de nature, Nastassja Martin rappelle nos liens et nos responsabilités envers le non-humain dans un livre-manifeste habité et salutaire.
Croire aux fauves de Nastassja Martin (Gallimard), Collection Verticales, 152 p., 12,50 €
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