En prenant le contre-pied de la BD documentaire, la dessinatrice Delphine Panique compose plusieurs témoignages portés par la fantaisie et l’énergie de son graphisme.
Pêcheuse de barbe, dresseuse de pijaunes, extracteuse de ploiron ou caresseuse de mognoles – ces plantes qui ont tant besoin d’affection –, voici quelques métiers évoqués dans Creuser voguer. Tous sont fictifs, paraissent parfois absurdes. Mais leur pénibilité et le manque de reconnaissance dont souffrent celles qui exercent ces emplois rappellent le monde du travail actuel et ces fameux “métiers non qualifiés”, indispensables à notre société et si peu valorisés.
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C’est en 2019, frustrée par une expérience de BD documentaire conçue avec une journaliste autour de jeunes migrant·es venu·es d’Afrique de l’Ouest, que la Française Delphine Panique a eu une idée : s’approcher au plus près du réel en réalisant un détour par l’imaginaire. Malgré la fantaisie dont elle fait preuve et son graphisme délicieusement biscornu, c’est bien d’aujourd’hui que l’autrice parle à travers la dizaine de témoignages qu’elle a inventés.
“Les plus fragiles face aux dominants, les plus précaires face au travail, et les plus pauvres, dont on ne parle jamais”
Ses personnages, Delphine Panique les rattache dans l’avant-propos aux “catégories de population les plus fragiles face aux dominants, les plus précaires face au travail, et les plus pauvres, et dont on ne parle jamais – la réalité est parfois cachée”. Ainsi les conductrices de bibinette caricaturent à peine les conditions de travail des livreur·ses et coursier·ères tandis que le chapitre “Les Enfants drôles” renvoie à la situation des clandestin·es à qui l’on extorque leur passeport pour mieux les exploiter.
Creuser voguer de Delphine Panique (Cornélius), 248 p., 24,50 €. En librairie.
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