Avec Cosplayers, Dash Shaw poursuit ses expérimentations graphiques avec les mésaventures de deux copines accros aux mangas et comics. Humour, références et pop culture à toutes les cases.
Révélé en 2008 avec Bottomless Belly Button, l’Américain Dash Shaw, friand d’expérimentations graphiques, est l’auteur d’albums exigeants. Dans Cosplayers, à la narration plus accessible, Verti et Annie sont deux amies fans de mangas et de comics qui aiment se déguiser en leurs héros préférés.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Leur passe-temps favori consiste à réaliser, en décor naturel au milieu de passants qui ne se doutent de rien, des petits films qu’elles postent sur YouTube. Annie aime se mettre en scène au milieu des quidams, acteurs involontaires de ses scénarios. Verni filme et passe occasionnellement devant la caméra. Toutes deux font preuve d’une ingéniosité sans fin pour bricoler leurs costumes.
Des pistes de réflexion autour de la BD, de la représentation
A travers les mésaventures de ses deux héroïnes – repérage de leur travail par un producteur, attitude face à leurs followers/haters… –, Dash Shaw pose avec humour d’innombrables pistes de réflexion autour de la bande dessinée, de la représentation, de la manipulation, des fans…
Ainsi, une rencontre entre les héroïnes et un libraire d’occasion obsédé par la série adaptée de 2001 : l’odyssée de l’espace par Jack Kirby est un prétexte pour montrer comment une œuvre peut mener à une dévotion absolue.
La solide amitié qui lie les deux jeunes filles, leurs discussions et leur esprit affûté font immanquablement penser à Enid et Rebecca de Ghost World. Mais Annie et Verti sont moins cyniques que les héroïnes de Daniel Clowes, elles s’impliquent plutôt que de critiquer, font preuve d’empathie envers les autres.
Un hommage marqué à la pop culture
Agé de 33 ans, Dash Shaw se trouve à égale distance de la génération X et des millenials, et est donc idéalement placé pour saisir leurs différences. Il n’y a d’ailleurs aucun cynisme dans Cosplayers.
En bon fan, Dash Shaw rend un hommage marqué à la pop culture. Dans ses décors, dans des pleines pages de collages ultracolorés faisant joliment écho au do it yourself des jeunes filles, il multiplie les références et clins d’œil, de Carl Barks à Scooby-Doo, de Totoro aux X-Men. Sans toutefois pécher par excès de dévotion, à l’image de ses héroïnes, capables de saccager avec enthousiasme le précieux comics de Kirby.
Cosplayers de Dash Shaw (Editions Çà et Là), traduit de l’anglais par Fanny Soubiran, 144 pages, 20 €
{"type":"Banniere-Basse"}