L’URSS et les Etats-Unis saisis par le prisme de l’invention, en 1919, du thérémine. Un roman emballant sur le créateur de cet instrument de musique qui annonce l’electro.
Celui qui a déjà vu un joueur de thérémine ne peut l’oublier : considéré comme l’ancêtre des instruments de musique électronique, l’objet, un simple boîtier sur un pied, surmonté d’une antenne et flanqué d’un arceau métallique, ne ressemble à rien d’autre.
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On en joue en “pliant les paumes dans le vide, comme pour tirer les cordes d’une marionnette invisible”, raconte Léon Thérémine, son inventeur, par la plume de Sean Michaels. Le son qui en sort est proche de celui du violon, fragile et mélancolique. C’est le son de l’Europe de l’Est, de sa tristesse congénitale et de sa poésie millénaire. A instrument fantastique, créateur génial : Corps conducteurs est un livre étrange, un biopic déguisé en roman d’amour, un roman d’amour déguisé en saga historique.
Léon Thérémine, savant fou, présente l’instrument à Lénine
L’aventure commence au début du XXe siècle à Leningrad. Léon Thérémine, profession savant fou, présente son instrument à Lénine, qui décide d’en faire le cheval de Troie qui montrera à l’Amérique l’esprit d’avant-garde artistique de la Grande Russie.
En 1927, Léon s’envole pour New York. Six mois plus tard, il ouvre le premier “studio Thérémine” dans une suite de l’hôtel Plaza. Gershwin est conquis, RCA acquiert un brevet et veut faire pénétrer l’étrange objet dans “chaque foyer américain”. L’inventeur danse toute la nuit, rit au nez de la prohibition, tombe amoureux d’une jeune musicienne lituanienne…
Un roman d’une poésie très russe
Mais la crise de 1929 fait péricliter ses rêves : l’Amérique n’a plus le cœur aux excentricités sonores. Thérémine persiste pourtant, invente un portail détecteur de métaux qu’il vend à Alcatraz, manœuvre comme il peut avec les espions russes qui le suivent à la trace.
En 1938, il est renvoyé à Moscou. Le stalinisme est passé par là, le goulag engloutit toutes les libertés qui dépassent. La suite ne peut que se teinter de tragique… Avec une poésie très russe pour un Canadien, Sean Michaels signe un roman emballant qui embrasse la folie et le génie d’une époque.
Corps conducteurs (Rivages), traduit de l’anglais (Canada) par Catherine Leroux, 442 pages, 22 €
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