Dans une interview inédite, l’auteur américain revient sur l’écriture d’“American Psycho”, sur les années Trump, ou encore sur ses nombreux tweets controversés.
A l’occasion de la sortie de White, un essai polémique contre le “politiquement correct”, Bret Easton Ellis devient le rédacteur en chef des Inrocks le temps d’un numéro. Au menu de ce numéro spécial, disponible dès le mardi 30 avril en kiosques : le portrait de Brandon Cody, acteur porno qui a tout d’un personnage de Bret Easton Ellis, une interview croisée entre deux romancières plébiscitées par l’auteur d’American Psycho, Emma Cline et Rachel Kushner, ou encore un texte inédit de celui-ci sur un film qui l’a particulièrement marqué, La Cité des dangers avec Catherine Deneuve et Burt Reynolds.
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L’écrivain a également répondu à nos questions dans une longue interview où il évoque, pêle-mêle, #MeToo, les réactions violentes à American Psycho, l’écriture d’un futur roman. Passages choisis :
Sur son utilisation polémique de Twitter : « C’est pour les besoins d’un article que je me suis inscrit sur Twitter. Je ne peux pas dire que je suis devenu accro, mais cela m’a amusé, surtout d’y être un bad boy, d’y dire des choses scandaleuses, et de voir les réactions qui devenaient folles. J’ai tweeté au sujet de la mort de Salinger : “Hourrah, il est enfin mort, on est libres, je fais une fête ce soir !” et l’attention que j’ai reçue était démente. Il y avait des gens qui trouvaient ça hilarant, d’autres qui étaient scandalisés, mais à l’époque c’était équitablement divisé. Pas comme aujourd’hui, où les réactions sont devenues à 100 % irrespectueuses. »
Sur les années Trump : « Ce qui m’a intéressé en 2015 avec cette dernière élection, c’est la façon dont elle a été couverte par les médias. En fait, ce qui s’est passé dans ce pays, c’est que cette élection a forcé tout le monde à prendre parti, à être labellisé comme ceci ou cela qu’ils le soient ou non – et cela vous arrive surtout si vous ne critiquez pas assez Trump. Si vous ne le critiquez pas assez, c’est que vous soutenez le trumpisme, et vous devenez un problème, vous ne faites pas partie de la “résistance”. Et c’est dommage car je ne pense pas que ce soit juste. Et je dois avouer qu’il y a quelque chose chez Trump qui ravit l’absurdiste en moi. »
Sur l’hypothétique disparition de “l’homme blanc privilégié” : « On peut se lamenter, être sentimental à ce sujet, mais pour tout vous dire, je ne suis pas un fan de l’homme blanc privilégié. J’ai passé ma carrière à écrire des romans se moquant de lui et le tournant en ridicule, parce que je suis le fils d’un homme blanc privilégié, qui m’a quasiment détruit à cause de toutes ses névroses d’homme blanc privilégié. Et je ressens cela encore aujourd’hui, je ressens encore la douleur de son patriarcat, de tout ce qu’il revendiquait si chèrement dans le fait d’être un homme blanc privilégié en Amérique, alors que je ne l’étais vraiment pas. »
Sur #MeToo : « Je pense que MeToo est arrivé à cause de l’élection de Trump. Si Hillary Clinton avait gagné, ça n’aurait pas été le cas. Chaque homme blanc est devenu comme une extension de Trump. Je pense que cela a détruit ce mouvement. »
Sur le fait de parler de son homosexualité : « Je n’ai aucun problème avec ça. Mais c’est vrai que c’était moins évident pour moi dans le passé. Et ce n’est qu’il y a quinze ans, quand le New York Times a fait un portrait de moi, que je me suis dit : “Fuck it, il n’y a pas de raison de ne pas le dire.” Avant, j’évitais de le dire aux journalistes pour deux raisons : je ne trouvais pas que le fait d’être gay était ce qui me définissait principalement, et je ne voulais que cela définisse mes livres, qu’ils soient relégués à ce rayon. En tant qu’artiste, je voulais avoir une plate-forme plus vaste, et je savais que ça allait être plus difficile si je disais être gay. »
Retrouvez l’intégralité de notre grande interview ici en ligne ou en kiosques.
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