L’écrivaine américaine, Carmen Maria Machado, nous livre avec Son corps et autres célébrations des histoires de femmes, ou plutôt de leurs corps, flirtant habilement avec le fantastique.
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C’est un recueil de nouvelles étonnant, des histoires souvent effroyables, certaines drôles, d’autres glaçantes, qui “célèbrent” – comme le propose le titre – le corps des femmes. Chacune est racontée par une jeune femme, qui va livrer peu à peu son secret, son intimité, la clé de son mystère, sous la pression de la société.
Des histoires fantastiques vraisemblables
La première ne peut satisfaire pleinement son mari en raison du ruban vert qu’elle porte énigmatiquement autour du cou, et qu’il ne peut toucher sous aucun prétexte ; la seconde fait l’inventaire des femmes ou des hommes avec lesquels elle couche avec frénésie, tandis qu’autour d’elle les gens meurent, emportés par un fléau dévastateur ; une troisième voit son corps disparaître inexorablement, au fur et à mesure qu’elle le revêt d’habits toujours plus élégants.
Flirtant avec le fantastique et la science-fiction, les histoires de Carmen Maria Machado sont entièrement vraisemblables tant elles retranscrivent bien ces détails qui font la vie quotidienne de tout un chacun.
Une littérature de genre magnifiée
“Particulièrement monstrueux – 272 aperçus de New York, unité spéciale” déconstruit la célèbre série télévisée dont elle parodie le script en mini-épisodes de quelques lignes, et où criminels, flics et enquêteurs sont remplacés par des monstres tels que les enfants peuvent les imaginer.
“Benson se réveille au milieu de la nuit. Elle n’est pas dans son lit. Elle est dans le noir, en pyjama. La porte est ouverte. Un panda la regarde avec de grands yeux innocents, l’air troublé. Benson ferme la porte. Elle passe devant deux lamas qui mâchonnent pensivement l’enseigne d’un hot-dog.”
L’autrice revendique l’influence, que l’on retrouve dans son écriture, de ces nouvellistes publiant dans des magazines spécialisés (SF, fantasy) comme Kelly Link ou Sofia Samatar. Une littérature de genre qu’elle magnifie ici autant qu’elle lui rend hommage.
Son corps et autres célébrations (Editions de l’Olivier), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Papot, 318 p., 22 €
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