Révélation de cette rentrée, un premier roman passionnel, orageux. Une écrivaine à suivre.
Les histoires d’amour sont nombreuses en littérature mais rares sont les auteur(e)s qui parviennent à se montrer novateurs avec un tel sujet. C’est le cas de ce beau premier roman d’une passion folle qui attrape deux jeunes femmes par surprise. Construit comme un morceau de musique – allegro, andante, furioso, adagio –, il compte de magnifiques pages sur l’irruption de la passion amoureuse dans une vie.
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Car cet amour qui a embrasé la narratrice, jeune prof de français, maman d’une petite fille et quittée par son mari sans explication, est bouleversant au sens littéral. Dans son quotidien morne, elle ne s’attend pas à tomber amoureuse d’une femme lorsqu’elle croise par hasard une violoniste, Sarah. Elles s’aiment au premier regard, se cherchent, se trouvent, s’isolent, se découvrent. Aucune auparavant n’avait fait l’amour avec une femme.
Au début du roman, plus d’un an après leur rencontre, Sarah est mourante, frappée par une grave maladie. C’est pourquoi la narratrice entreprend de raconter. Et sur le texte plane un désespoir absolu, déchirant. Les souvenirs se bousculent, enivrants, et Delabroy-Allard évoque à la perfection, dans une phrase très précise, littéraire et crue, l’émoi des premiers moments, l’attirance irrésistible et violente. La narratrice est encore et toujours subjuguée par cette Sarah qui a renversé sa vie telle “une tornade inattendue”.
Une phrase très précise, littéraire et crue
Mais comme une partition alternant différents mouvements, cette passion qui tourne sur elle-même se fait orageuse, de plus en plus destructrice. Les deux amantes se quittent, se reprennent, se font du mal, dans un texte circulaire où la narratrice se retrouve piégée. C’est ainsi que la description de cette passion singulière tend vers l’universalité. Delabroy-Allard parle d’une emprise, de la façon dont une personnalité peut en éteindre une autre. Elle parle de la capacité à se mettre en danger, nécessaire à toute relation, et de sa forme pathologique – ne pas savoir se protéger.
“Elle ne se rend pas compte que plus rien d’autre ne m’intéresse que les moments passés avec elle, que je me sens déprimée, que je n’aime plus mon travail.” Et elle analyse, très finement, les conséquences des conflits de classe à l’intérieur d’un couple. Sylvie Tanette
Ça raconte Sarah (Minuit) 192 pages, 15 €, en librairie le 30 août
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