A force de tweeter ses avis critiques, Bret Easton Ellis finirait-il par oublier d’écrire son propre livre ?
Une inquiétude, un stress ou une angoisse ? Appelons cela comme on voudra, mais quelque chose me réveille en ce moment au milieu de la nuit. Et là, je me surprends à penser à Bret Easton Ellis, des gouttes de sueur glacées au front. Oui, Bret Easton Ellis. L’avenir de ce brave garçon me tient à coeur, que voulez-vous, et c’est là que l’anxiété me tombe dessus : mais que va-t-il devenir ? Ecrire un nouveau roman ? Ce serait ce qui pourrait lui arriver de mieux, mais hélas, j’en doute de plus en plus… Oui, je sais, il suffit que je dise cela et l’angoisse vous submerge vous aussi. Plus de nouveau Bret Easton Ellis ? Non, non, je n’en suis pas sûre, mais l’autre angoisse c’est qu’il en écrive un et qu’ il soit bâclé.
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Ce qui me fait dire ça, c’est que Bret semble s’être mué en critique (de tout : littérature, cinéma, télé, etc.) et qu’on sait qu’un bon livre écrit par un critique est chose aussi courante qu’une actrice à trois yeux. Oui, Bret passe son temps à tweeter ses impressions de lecture, ce qu’il pense de telle ou telle scène d’une série télé, pourquoi il faut voir tel film, un peu façon nouvelle pythie de la culture US.
« Ceci est bien, cela est nul » – il faut le croire, c’est Bret qui le dit. Non, pardon: qui l’assène gentiment. Aucune « conversation » dans les tweets d’Ellis, que des « détails » : lecteurs, vous avez le droit de réagir aux conseils du prophète Bret, mais n’attendez pas de réponse de sa part, il n’entend nullement entrer dans un débat avec vous. Ces derniers jours, l’écrivain devenu critique devenu prophète soutient le porno pour mémères Fifty Shades of Grey ou le film de Sarah Polley, Take This Waltz. Il absorbe un tel nombre d’objets culturels par semaine qu’on se demande s’il lui reste encore du temps pour écrire. Un grand écrivain tué par ses tweets ? C’est bien, donc, ce qu’on finit par craindre… avec tristesse.
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