Certains écrivains commencent un livre parce qu’ils sortent insatisfaits du précédent (Patrick Modiano) ; certains autres, par une idée de personnage (Hanif Kureishi) ; d’autres encore par un défi à leur imagination, un “et si…?”: “Et s’il se passait ceci ou cela… ?” (Philip Roth)… Peu commencent un texte parce qu’ils ont quelque chose à […]
Certains écrivains commencent un livre parce qu’ils sortent insatisfaits du précédent (Patrick Modiano) ; certains autres, par une idée de personnage (Hanif Kureishi) ; d’autres encore par un défi à leur imagination, un “et si…?”: “Et s’il se passait ceci ou cela… ?” (Philip Roth)…
Peu commencent un texte parce qu’ils ont quelque chose à dire. Pourtant, en lisant leurs livres, critiques et lecteurs se demandent tôt ou tard ce qu’ils ont voulu dire avec leurs 200 ou 700 pages. Ou plutôt, si l’on en arrive à se poser la question, c’est que le livre tourne en rond, s’avère vain, preuve d’un grand ratage. Chaque rentrée charrie son flot de textes qui n’ont rien à dire (Florian Zeller, David Foenkinos, etc.), mais généralement il suffit que Charles Dantzig publie au même moment pour que ce soit lui qui remporte le pompon du vide pompeux.
Foenkinos a donc de la chance cette année : Dantzig sort À propos des chefs-d’oeuvre (Grasset), texte au titre racoleur et pédago que les grands-mères offriront à leurs petits-enfants en croyant les cultiver. Or, d’une paresse intellectuelle inouïe, le livre n’est qu’une suite de bavardages. Soit une alternance de listes et de poncifs du genre statements définitifs ultrapensés : “La littérature n’existe pas sans les écrivains” ; “Les chefs-d’oeuvre sont si peu communs que chacun semble un absolu” ; “Parfaire en français signifie achever. Achever signifie tuer. La perfection tue”… Avouez que ça impressionne.
Pur produit d’un parisianisme ringard qui confond encore formules et aphorismes (creux) avec pensée, et qui pratique l’écriture comme un dîner mondain, Dantzig ennuie autant qu’il exaspère. Et s’il s’occupait des livres qu’il édite (chez Grasset) ? Ou alors qu’il joue au bridge… Mais de grâce, qu’il cesse de croire qu’il a quelque chose à dire.