Ils sont nuls mais squattent les deux premières places des meilleures ventes depuis des semaines. Pourquoi ?
Ne pas se fier à leurs airs débonnaires de Dupont et Dupond de l’industrie littéraire. Marc Levy et Guillaume Musso sont de vrais parrains. Don Corleone régnait sur le syndicat du crime ; ils ont la mainmise sur le marché du livre. Cette année encore, les faux frères du best-seller squattent les premières places des meilleures ventes. Leur secret : une came bon marché, un shoot de guimauve dans un monde de brutes.
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Ainsi, dans L’Appel de l’ange, Guillaume Musso met ces mots dans la bouche de Madeline, son héroïne : « Autour de nous, tout était précaire, fragile, vacillant. » Avec cette histoire d’échanges de téléphones portables, saturée de smileys et de textos, Musso invente la formule du roman « trois en un » : comédie romantique, thriller et dictionnaire des citations (de Verlaine à Claudie Gallay, en passant par Boris Cyrulnik). Un procédé efficace pour s’assurer que son lecteur n’ira pas voir ailleurs.
Dealers attentionnés, trafiquants d’un opium du peuple soft, Levy et Musso fournissent régulièrement leur dose à des lecteurs accros aux jolies histoires avec happy end.
Dans le pays qui détient le record de consommation d’antidépresseurs, leurs bluettes jouent le même rôle qu’un tranquillisant, et leur prose lénifiante se révèle plus efficace qu’une plaquette de Stilnox. Tonnes de dialogues dans des textes en forme de scénarios : zéro littérature, faut quand même pas ennuyer le lecteur. Surtout, le « message » fait office de puissant sédatif.
Levy et Musso entretiennent le lecteur dans l’idée que le bonheur est toujours le fruit du hasard ou d’une rencontre providentielle. Partant, ils le maintiennent dans une passivité stérile et lui inoculent ce mal insidieux connu sous le nom de bovarysme : une fuite illusoire dans le romanesque.
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