Jadis cool, Frédéric Beigbeder vire grand monsieur officiel des lettres françaises. Help !
« Le cauchemar du critique littéraire, c’est de rencontrer Frédéric Beigbeder : il est dangereusement sympathique« , m’avait un jour dit une consoeur. Et c’est vrai. Frédéric Beigbeder est non seulement un garçon sympathique, drôle, intelligent et généreux, mais en plus il jouit d’un avantage sur les autres : avoir conservé le même poids qu’à 20 ans. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est lui qui le clame dans ses entretiens, et l’on avouera une certaine jalousie quant au sujet.
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Et puis il est cool, n’hésitant jamais à s’enfiler de la coke sur des capots de voiture. Mais alors que lui est-il arrivé ? Un problème personnel ? Un ennui avec sa banque ? Le désir de convaincre enfin ses parents qu’il est un bon fils BCBG ? Le voilà qui vire depuis quelques semaines à l’ambassadeur officiel de la littérature, nous prodiguant tel un prophète ses conseils de lecture dans un livre, Premier bilan après l’apocalypse, façon produit dérivé d’un de ses précédents, qui fut soit dit en passant un succès (le problème avec la banque, ça doit être ça…).
Le voilà qui encense les écrivains les plus académiques (Alexis Jenni) en convoquant Dieu (à moins qu’il ne soit à l’article de la mort ?) dans ses chroniques au Fig mag, mais y descend avec une condescendance amère des écrivains novateurs (Eric Reinhardt) tout en se permettant de leur donner des leçons d’écriture (heu… on rêve, là ?). Et pour couronner le tout, le voilà qui enfile l’armure du chevalier des lettres françaises pour pourfendre le méchant livre numérique qui risquerait d’anéantir ni plus ni moins que le roman (ah bon) ; ce qu’il appelle donc, et sans aucun humour, « l’apocalypse ». Il dîne tous les soirs avec Charles Dantzig, ou quoi ? A ce train-là, on lui donne cinq ans pour virer réac. Il vaut mieux que ça.
Nelly Kaprièlian
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