Corvéables à merci, infantilisés : les écrivains servent de plus en plus de pâture à la presse.
Les écrivains sont-ils des artistes comme les autres ? Hélas, non, vu le traitement que leur réservent parfois, et parfois même trop souvent, les médias. Un exemple parmi d’autres : les journaux préféreront toujours consacrer leurs couvertures à une actrice, dont les propos insignifiants s’étaleront sur plusieurs pages sans l’ombre d’une contradiction. L’écrivain, lui, sera, au mieux, réquisitionné pour faire le portrait de la belle.
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Parce qu’ils savent écrire, ils semblent être devenus corvéables à merci. “On fait un dossier sur Bourg-la-Reine : t’aurais pas un écrivain qui pourrait écrire sur cette ville ?” ; “On fait un dossier sur Mick Jagger, tu pourrais demander à Philip Roth de nous dire ce qu’il en pense ?” C’est ce qu’entend au quotidien un directeur de rubrique livres. Mais s’il ose un jour demander à ses collaborateurs l’avis de Jagger sur Roth, il se fera envoyer sur les roses sous prétexte qu’on ne dérange pas le roi du rock.
Autre cas de figure : les écrivains engagés par les journaux pour chroniquer, pardon, flinguer, d’autres écrivains. Ou comment refourguer des basses oeuvres que les journalistes se refusent d’effectuer (faut rester amis avec tout le monde et surtout les éditeurs et la pub) à des auteurs en panne d’existence, ou tout simplement de rentes fixes.
Enfin, un écrivain sera toujours traité avec une certaine hauteur, infantilisé, limité, par les hautes instances médiatiques qui se permettront de lui faire la leçon, de lui infliger un traitement qu’elles ne se permettraient pas avec d’autres artistes. Le cas Houellebecq en fut, pendant des années, le meilleur exemple.
Les écrivains seraient-ils solubles dans la presse ? C’est hélas ce que les médias laissent à penser.
Nelly Kaprièlian
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