Depuis le 1er avril, c’est officiel : la TVA sur le livre passe de 5,5 à 7%, fragilisant la librairie, déjà malmenée par les téléchargements pour Kindle et les ventes en ligne sur des sites tel Amazon. Une mesure voulue et décidée par Nicolas Sarkozy, qui ne rapportera que 60 millions d’euros à l’Etat et […]
Depuis le 1er avril, c’est officiel : la TVA sur le livre passe de 5,5 à 7%, fragilisant la librairie, déjà malmenée par les téléchargements pour Kindle et les ventes en ligne sur des sites tel Amazon. Une mesure voulue et décidée par Nicolas Sarkozy, qui ne rapportera que 60 millions d’euros à l’Etat et pénalise tout un champ culturel – le symptôme évident de la politique d’un Président lui-même symptomatique de l’époque. Mitterrand posait en fin lecteur, Giscard en écrivain et Chirac se rendait régulièrement à l’ouverture du Salon du livre – où Sarkozy n’a jamais cru bon de mettre les pieds. Son rapport à la littérature ferait hurler de rire s’il n’était Président : mépris vulgaire de La Princesse de Clèves, puis cette bourde : “On peut aimer Céline sans être antisémite comme on peut aimer Proust sans être homosexuel.” Il y a eu aussi Roland Barthes prononcé Roland Barthèse. Et quand Eric Raoult s’en prenait au Goncourt Marie NDiaye, on n’aura entendu ni Sarkozy ni son ministre de la Culture prendre sa défense.
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Et puis soudain, un an avant l’élection, Sarkozy se met à lire et le clame à qui veut l’entendre : Guerre et paix, au moins. Quant à Voyage en Orient de Nerval, il le balade partout sous son bras telle une minaudière Olympia Le-Tan. Laissons-lui le temps de dépasser le programme de 4e.
De toute façon, l’image qu’on retiendra de ses cinq années de règne sera celle d’un homme qui court. Culte du sport, de la “bonne santé” (il ne boit pas d’alcool), de la famille (Cécilia par-ci, Carla par-là). Un président hygiénique pour des temps hygiénistes. En augmentant la TVA sur le livre, il s’agit peut-être moins d’en faire une marchandise comme les autres que de le stigmatiser comme un produit nocif, au même titre que les cigarettes. Lire tue… mais qui ?
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