Il paraît que l’écrivaine s’inspire de personnes réelles pour écrire ses romans. Quel scoop ! Et quelle polémique ennuyeuse…
Etre critique littéraire pourrait être exaltant, sauf quand les polémiques deviennent idiotes et qu’il nous faut donner un avis toutes les cinq minutes. Franchement, c’est crevant. Aujourd’hui encore, on nous ressort une vieille lune comme « le droit des écrivains à s’inspirer du réel pour leurs fictions ». Et il va encore falloir répéter les mêmes poncifs – oui, l’écrivain a le droit de s’inspirer de personnes réelles pour construire les personnages de ses romans, c’est même là toute l’histoire de la littérature.
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En effet, Christine Angot, l’auteur des Petits, va être assignée en justice par une certaine Elise Bidoit, l’ex de son compagnon actuel, qui s’est reconnue dans un livre où, une fois n’est pas coutume, Angot prend pourtant soin de ne pas écrire les « vrais » noms des personnes-personnages. La jeune femme se reconnaît, donc, mais attaque aussi l’écrivaine parce qu’elle aurait transformé certains faits et donc la diffamerait… Toujours la même rhétorique bizarre des attaquants.
Mais certes, Christine Angot écrit peut-être aussi pour régler ses comptes avec le réel, c’est-à-dire d’autres femmes, celles de ses ex, de ses actuels, de ses futurs, etc. A chacun son moteur. Plus gênant, ce qui motive la presse à avoir été chercher Elise Bidoit, à prendre d’emblée son parti, à en faire une victime – et à la rendre reconnaissable à 99,9% des lecteurs qui ne l’avaient pas reconnue dans le roman. Après le scoop de « PPDA plagiaire », voici le scoop des personnages « vrais » d’Angot.
Dans cette course aux révélations, le journalisme littéraire se réduit de plus en plus à faire les poubelles. C’est, au final, le plus pathétique de cette affaire.
Nelly Kaprièlian
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