Le récit d’aventures fondateur de Milton Caniff somptueusement édité.
Attention, morceau d’histoire. Terry et les pirates n’est pas l’énième strip d’un grand quotidien américain d’avantguerre, l’aventure banale d’un gamin qui s’en irait sur les mers de Chine avant de s’engager, par soutien pour ses compatriotes, sur le front de la Seconde Guerre mondiale.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Non, les aventures de l’intrépide Terry et de son ami le reporter Pat Ryan se sont taillées une réputation des plus illustres au cours de l’histoire.
Une esthétique qui inspira l’imaginaire hollywoodien
Milton Caniff, auteur débarqué là un peu par hasard, engagé par un petit magnat de la presse désireux de gonfler les ventes de son canard local, développa dans cette série, entre 1934 et 1946, un style, une grammaire, un génie du noir et blanc qui marquèrent en profondeur les rétines de son époque.
Sa gestion des masses sombres, son encrage à la plume ou au pinceau, ses cadrages, ses clairsobscurs influencèrent immédiatement le cinéma d’aventures hollywoodien et l’imaginaire collectif.
Quant à sa Dragon Lady, femme de tête à la beauté froide, elle ouvrit, dès 1934, aux cotés de la Mata Hari filmée par George Fitzmaurice, la voie à l’érotisme singulier des pin-up exhalant le parfum des dangers mortels autant que celui de la sensualité, très en vogue à partir de la guerre de 39-45.
Enfin une édition à sa juste valeur
Malgré sa notoriété, ce fondateur d’un certain imaginaire de l’aventure ne fut jamais correctement édité en France. Il y eut entre autres les premières bandes aux éditions Futuropolis, dans les années 80, mais elles font pâle figure, désormais, en regard de ce somptueux volume.
Complètement restaurée, compilant planches en couleur du dimanche et strip en quatre cases de la semaine, cette édition française à l’identique de l’américaine sera aussi l’occasion de découvrir, dans les prochains volumes, les strips des années 40, période où le talent de Milton Caniff explose pour atteindre le génie, et dont les Français n’ont jamais vu la couleur, ou plutôt le noir et blanc.
Stéphane Beaujean
Terry et les pirates (Bdartist(e)), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Pagel, 377 pages, 46 €.
{"type":"Banniere-Basse"}