Entre collage, cadavre exquis et slam, un exercice de style empreint de mélancolie
Empreint de mélancolie. “casserole/pour/ministre/ préliminaire/en parquet/ routine/à ce stade/de confiance/En cause.” En presse écrite, le bâtonnage consiste, lorsqu’on transforme une dépêche AFP en brève, à “raturer les mots ou les morceaux de texte estimés superflus”.
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Sylvain Bourmeau, producteur à France Culture et ancien des Inrocks, affirme donc avoir bâtonné. Comme on prélève une écume, et sur des sujets aussi divers que les déboires de Michel Platini ou ceux de Nadine Morano, il a pêché des mots dans les articles de Libé, quotidien dont il a été jusqu’en 2014 le directeur adjoint. En postface, il s’explique sur sa démarche, mettant en question dans un même élan la littérature contemporaine et la pratique journalistique. Son livre peut être lu comme une sorte de résumé express de l’année 2015, où dans le fatras des affaires politiques surgit soudain la tuerie du Bataclan. L’intérêt pourtant est ailleurs. Cette tentative d’épure radicale a conduit Sylvain Bourmeau à signer un texte étonnant qui tient du collage, du cadavre exquis et du slam, un texte plein d’une sourde mélancolie. Car de ces actualités qui nous ont tant occupés, de ces innombrables articles que nous avons lus et commentés avec avidité, ne surnage finalement que l’écho de quelques mots, quand tout le reste a été emporté par le temps.
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