Dans un texte incisif, Barbara Stiegler déconstruit avec brio un “nouveau continent mental” : la Pandémie.
Depuis un an, le mot “pandémie” occupe tous les esprits et dicte tous nos gestes (barrières). Pourtant, selon un article publié par le rédacteur en chef de la revue internationale de médecine The Lancet en septembre 2020, le “Covid-19 n’est pas une pandémie”.
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“Pandémie” ne serait donc pas le nom d’un phénomène biologique inédit, mais celui d’une dystopie concrète, d’un “nouveau continent mental […] qui risque de durer des années et pourquoi pas des siècles et des siècles”, défend Barbara Stiegler dans un texte remarquable et acéré.
En une cinquantaine de pages, l’autrice d’“Il faut s’adapter” (Gallimard, 2019) décrypte finement la langue, l’imaginaire et les normes de ce nouveau monde. Son lexique, qui sature tous les espaces d’expression (“distanciation sociale”, “état d’urgence”, “relâchement”…), est son aiguillon.
Dans ce contexte de congélation de la pensée critique, un “nouvel ordre moral” peut s’installer
L’imaginaire politique qui en découle, celui des “clusters”, achève de nous paralyser. Dans ce contexte de congélation de la pensée critique, un “nouvel ordre moral” peut s’installer, dans lequel il est “normal d’abandonner à leur sort les plus précaires au nom du respect des plus fragiles”. Alternative abjecte mais indiscutable dans cet univers binaire. En Pandémie – et c’est bien l’inquiétude de la philosophe – la démocratie est souffrante.
De la démocratie en Pandémie. Santé, recherche, éducation (Gallimard, “Tracts”), 64 p., 3,90 €
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