Le terme “romancière anglaise” est presque devenu un concept littéraire, qui signifie une façon aussi cruelle qu’ironique et sensible de saisir tous ces micro-détails du quotidien qui forment une vie, sur fond de cottage à la campagne ou d’appartement victorien à Londres, de tasses de thé et de scones, et de femmes restées célibataires, ou mal mariées, ou épouvantées par le mariage. Et si une écrivaine mérite le titre de reine du concept “romancière anglaise”, ce serait sans hésiter Barbara Pym (1913-1980).
Son deuxième ouvrage (et tous ceux qui suivront) Des femmes remarquables, publié en 1952, en est l’emblème absolu. A Londres, Mildred Lathbury, qui se décrit comme ayant un physique ingrat et étant mal fagotée, toujours célibataire à 30 ans, voit emménager dans le même immeuble un jeune couple attrayant, les Napier, avec qui elle va devoir partager sa salle de bains (l’Angleterre de la fin des années 40 oblige). Sa vie se partage entre ses amis, un frère et une sœur qui habitent le presbytère d’en face, son job auprès de femmes en difficulté, et bientôt ce jeune couple à problèmes qu’elle va tenter d’aider. Entre moult tasses de thé, une foule de détails drôles, qui en disent long sur ces infimes inflexions et nuances qui font pourtant toute une vie, sur ces signes que l’on se refuse souvent de lire, ou trop tard. En plus d’un portrait sans concession, mais toujours tendre, des êtres, Barbara Pym brosse celui du Londres d’après-guerre. Passionnant.
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Traduction de l’anglais par Sabine Porte.
335 p. 7,80 €
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