La reine du roman rose Barbara Cartland a publié près de sept cents romans. Mais comment a-t-on pu passer à côté ? Quatre raisons essentielles de suspendre notre injuste boycott.
Combien d’années gâchées à se gausser de ses livres ? Déjà à l’âge tendre, en pleine détresse prépubère, nous avons préféré les ignorer… Aujourd’hui, on se demande si snober « la reine du roman rose » pour se jeter à corps perdu dans la lecture de Lautréamont était vraiment un bon calcul. Heureusement, il n’est pas trop tard. Les créatures névrosées que nous sommes peuvent encore se mettre des fleurs dans les cheveux et découvrir les vertus secrètes de cette oeuvre injustement raillée. Nombreuses et réjouissantes, elles sont autant de raisons de plonger enfin corps et âme dans ce monde sans tache.
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1. Idéal pour lire en faisant la vaisselle
Finie la galère de la lecture qui requiert une attention exclusive. Les romances de Dame Barbara s’accommodent, voire se marient très bien avec une activité annexe, telles que les tâches ménagères (repassage, lavage du sol, aspirateur) ou la conduite en voiture. Faciles à manipuler, ses livres se lisent à l’endroit comme à l’envers, mais aussi les yeux fermés. Il est très recommandé de ne lire que la fin, toujours la même, afin d’éviter les complications qui pourraient déconcentrer de l’essentiel (prendre le prochain virage à droite).
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2. Parfait pour trouver l’âme soeur
Oui, on a le droit de croire au prince charmant sans dette ni calvitie. C’est le message atemporel que nous délivre la romancière anglaise. Pour ce faire, suivre l’exemple d’Anne, Audrey et Sally, les soeurs de Trois jeunes filles à Londres (1947), déterminées à se dégoter un mari. Mais attention, pas n’importe lequel. Au minimum, visez un duc ou un millionnaire. Sans perdre de vue le plus important : l’amour véritable et sa consécration par le mariage.
3. Essentiel pour être un grand sage
Le monde est foufou. Pour s’armer contre la bêtise des hommes, rien de tel qu’une cure de citations concoctées par Barbara. Ses romans sont des mines d’aphorismes où affleure le bon sens populaire. Exemples : « Quel merveilleux exemple nous donnent les oiseaux. Les hommes seraient sages de s’en inspirer et, comme eux, de suivre leur instincts et non leurs convictions, hélas si souvent erronées. » Ou encore : « Un homme n’épouse pas une femme seulement parce qu’elle est bonne ménagère. » C’est ainsi que nos héroïnes font une merveilleuse découverte : le travail.
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4. Indispensable pour devenir Barbara Cartland
Qui ne rêverait pas, au fond, de connaître le destin de la Pink Lady ? « L’auteur contemporain le plus lu au monde », clame la quatrième de couverture. La vente faramineuse de ses livres (environ un milliard) arrive en seconde position après la Bible, et a fait l’objet d’une entrée en 1983 dans le Guinness des records. A la fin de sa vie, l’écrivaine était devenue à elle seule une minifactory : enfermée dans sa chambre tout en voilages roses, elle dictait ses livres de son lit à baldaquin à une batterie de secrétaires – à raison de deux publications par mois (plus de sept cents au total). Barbara Cartland, c’est aussi un look, souvent copié mais jamais égalé : tenues rose bonbon, bijoux en toc et maquillage outrancier, sans oublier son chien pékinois comme it-accessoire ultime. Un chef-d’oeuvre kitsch qu’on a hélas renoncé à empailler.
Trois jeunes filles à Londres (J’ai lu), traduit de l’anglais par Jacques Lombard, 254 pages, 5,10 €
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