S’inscrivant dans le mouvement MeToo, #Balance ta bulle réunit des dessinatrices du monde entier qui répondent au harcèlement et aux violences sexuelles par un art solidaire et créatif.
S’inspirant du hashtag Balance ton porc, le titre français de cette anthologie va droit au but : une soixantaine d’autrices du monde entier prennent la parole pour dénoncer les violences sexuelles qu’elles ont subies.
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Parce qu’elle enchaîne les témoignages douloureux sur près de trois cents pages, rarement une bande dessinée n’aura contenu autant de souffrance, mis en scène autant d’injustices et de situations abjectes. Mais, comme le dit Diane Noomin, directrice de l’ouvrage et pionnière de la BD féministe, cet album collectif est “comme l’illustration du pouvoir de la narration et de la bande dessinée face aux traumatismes sexuels”.
Des gestes créatifs puissants
Il émane de ces témoignages beaucoup de force. Il en faut à l’Américaine Marian Henley pour représenter dans un char d’assaut (qui lui roule dessus) son violeur et le procureur du procès qui suivit, terminé sur un non-lieu. #Balance ta bulle prend racine dans la violence masculine mais montre surtout les émancipations artistiques.
En trois planches minimales, et d’autant plus percutantes, Sarah Lightman montre un arbre, des herbes et sa jupe tachée de sang pour raconter l’agression qu’elle a vécue
A la toute fin du volume, dans des pages émouvantes et sublimes où elle revisite notamment Le Bassin aux nymphéas, le tableau de Monet, Emil Ferris dévoile la trajectoire qui l’a menée à Moi, ce que j’aime, c’est les montres et pour quelles raisons elle s’est longtemps tenue à distance des comics que, jeune, elle aimait tant. En trois planches minimales, et d’autant plus percutantes, Sarah Lightman montre un arbre, des herbes et sa jupe tachée de sang pour raconter l’agression qu’elle a vécue.
Si cette BD a reçu aux Etats-Unis l’Eisner Award de la meilleure anthologie, c’est parce que toutes les participantes répondent à la violence par la solidarité et des gestes créatifs puissants comme lorsque l’Anglaise Sabba Khan représente un mur pour symboliser le silence dans lequel le viol l’a enfermée.
On pourra ressentir de la colère, de l’empathie, voire de la culpabilité – celle d’appartenir à des sociétés où la violence envers les femmes est systémique. Mais #Balance ta bulle offre surtout l’occasion de découvrir de nouvelles voix et de lire des autrices encore peu traduites en langue française.
#Balance ta bulle sous la direction de Diane Noomin (Massot Editions), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Samuel Todd, 272 p., 28€
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