Le nouvel essai d’Eula Biss montre, à la façon des “Choses” de Perec mais aussi de Maggie Nelson, comment nos existences sont façonnées et régies par tout ce que l’on acquiert, ce l’on possède.
Poète et essayiste, Eula Biss écrit des livres sans égal. Son précédent, Contamination, avait marqué les esprits aux États-Unis par son aptitude à déconstruire les fantasmes de ses compatriotes au sujet du coronavirus.
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Avoir et se faire avoir cite en épigraphe David Graeber, le grand anthropologue disparu en 2020 : “Afin de comprendre vraiment les fondements moraux de la vie économique et donc de la vie humaine, il me semble nécessaire de commencer plutôt par les petites choses”. C’est de même, en partant des tracas et des aléas de sa vie quotidienne que l’autrice élabore une réflexion fine et originale sur ces valeurs et les mythes qui régissent nos existences et nos relations : travail, possession, consommation, propriété, etc. Avec la conscience que sa propre vie est – bien qu’issue de la classe moyenne et marquée par la précarité – privilégiée comparée à tant de personnes qui, comme son voisin racisé, n’ont jamais été considérées de la même façon qu’elle.
Dans un passage brillant, elle décrit son excursion dans l’inévitable magasin IKEA, chez lequel elle doit se meubler faute de mieux. “Pour les gens, pas les consommateurs”, suggère son slogan. “Ce que j’aime et qui me fait un peu rire, écrit-elle, c’est qu’il insinue que les consommateurs ne sont pas des gens”.
Avoir et se faire avoir d’Eula Biss (Rivages). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Justine Augier
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