Un premier roman mélancolique et doux sur les certitudes qui vacillent, dans le décor fantomatique d’un hôtel de montagne.
À la lecture de Hors saison, on se sent comme Le Voyageur contemplant une mer de nuages (tableau fameux de Caspar David Friedrich), absorbé par un paysage dont l’indécision est le miroir de nos propres brumes. Le flou n’est pas seulement artistique, il est la matière prégnante de ce récit où l’incertitude gagne par touches délicates.
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Doutes dans la vie de Yann, étudiant en médecine qui abandonne études et fiancée pour aller travailler comme saisonnier dans un vieil hôtel d’une station de ski. Imprévisibilité de la météo et, partant, des touristes se faisant attendre. Vacillement des perceptions. Quel est donc cet hôtel labyrinthique où rôde Hans, son propriétaire taciturne ? Dans une version moins tragique mais tout aussi fantomatique, on songe au Shining de Kubrick. On subsume aussi un brin du Brokeback Mountain de Ang Lee dans la passion qui va aimanter Yann et Hans, pourtant hétéros affichés.
Esprit vagabond
Par-delà ces probables références, Basile Mulciba a le talent hautement littéraire de nous égarer par d’autres chemins. Hors saison est une randonnée mentale où l’apprentissage existentiel est exhaussé par la découverte d’une nature encore indemne : forêts, montagnes, odeurs, bruissements, troupeau de chamois à la dérobée. Basile Mulciba nous murmure que comprendre le monde, c’est s’y retrouver quand on n’a plus rien à perdre. Sa mélancolie extravertie est un encouragement.
Hors saison de Basile Mulciba (Gallimard), 208 p., 19,50 €. En librairie le 24 août.
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