Audrey Diwan réagit au prix Nobel de littérature décerné ce jeudi 6 octobre à Annie Ernaux.
“Après avoir avorté, je cherchais un texte qui m’accompagne et me permette d’interroger ce que je venais de traverser. Une amie m’a conseillé L’Événement. J’avais beaucoup lu Annie Ernaux, mais je ne connaissais pas ce texte. Ce n’est pas étonnant.
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Quand je l’ai rencontrée, Annie Ernaux m’a confiée que, de tous ses livres, c’est celui qui avait eu le moins d’écho médiatique. Au début des années 2000, on refusait encore de se confronter brutalement, sans détour, à la question de l’avortement clandestin. Si je reprends cette anecdote, c’est qu’elle me paraît liée d’une certaine façon à l’annonce du prix Nobel de littérature qui lui a été décerné. La voix de l’autrice porte de plus en plus fort, de plus en plus loin et au-delà du genre. On est désormais enclin à s’intéresser aux sujets dont son œuvre s’empare, la place de la femme dans le système social et celle du transfuge de classe, entre autres. À mon sens, ce prix marque, au-delà de la reconnaissance de son talent, une incontestable évolution des mentalités.”
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