Dans une enquête ethno-gonzo réjouissante, Mark Haskell Smith dépasse les clichés moqueurs qui collent au nudisme et le décrit comme une pratique contre-culturelle.
Auteur de romans policiers, scénariste et journaliste indé, l’Américain Mark Haskell Smith a une passion pour les pratiques alternatives et les contre-cultures marginales. Par exemple, il est fasciné par ceux qui travestissent leurs animaux de compagnie en personnages de film, s’habillent en Looney Tunes ou font l’amour à plusieurs sous des montagnes de peluches.
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De manière plus conventionnelle, son premier essai, inédit en France, portait sur les botanistes clandestins qui pistent les différentes variétés de beuh tout autour du globe. Aujourd’hui traduit, son deuxième opus s’intéresse au phénomène nudiste.
Une croisière “antitextile” avec mille huit cent soixante-six retraités
Avec une clairvoyance teintée de tendresse et une concision rigoureuse, c’est peut-être sa femme, Diana, qui livre le meilleur résumé de ce début de carrière plein de promesses : “D’abord, tu passes tes journées défoncé et maintenant, tu vas te balader à poil !” Passion investigation.
Car il faut bien reconnaître que pour mener à bien son reportage en territoire “cul nul”, l’auteur consciencieux n’a pas hésité à mouiller/tomber la chemise : dès les premières pages, le voilà à bord du Big Nude Boat, une croisière “antitextile” avec mille huit cent soixante-six retraités in naturalibus dont un octogénaire squelettique en string fluo. Nullement rafraîchi par l’expérience, l’auteur enchaîne avec les campings familiaux andalous, les incontournables clubs du Cap d’Agde et s’essaie même à la “randonnue” dans les Alpes autrichiennes.
Les dimensions politiques, esthétiques et philosophiques du sujet
Mais au-delà du gonzo cocasse, Au pays des nudistes est surtout une enquête fouillée, habile et passionnante sur toute l’histoire de la nudité sociale. De son créateur britannique Charles Edward Gordon Crawford, jusqu’au “naktivists” d’aujourd’hui, des militants de Femen et Peta qui utilisent le corps nu comme une arme politique, en passant par les gays libérés du Castro de San Francisco et même certains groupes d’écolos radicaux, l’auteur explore et expose les dimensions politiques, esthétiques et philosophiques de son sujet.
Dépassant les préjugés souvent moqueurs, voire calomnieux, qui le cantonnent à une pratique touristique extravagante, Haskell Smith démontre que le nudisme est en fait une véritable contre-culture de liberté, de tolérance et d’hédonisme. Un seul mot d’ordre cet été : tous à oilpé !
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