Au début de la crise du Coronavirus, La Peste d’Albert Camus est devenue une lecture refuge. Mais d’autres romans peuvent aussi nous éclairer dans la période actuelle. Petit tour d’horizon.
Les chiffres sont éloquents. Alors que le Coronavirus se propageait, il y a quelques semaines, nous rapprochant du confinement auquel nous sommes astreints aujourd’hui, les ventes de La Peste d’Albert Camus ont considérablement augmenté. 1 700 exemplaires ont été vendus lors de la quatrième semaine de 2020, contre 400 à la même période l’année dernière. Désormais, les ventes ont bien sûr chuté drastiquement, comme pour tous les livres, en raison du confinement et de la fermeture des librairies. Ainsi, selon les éditions Gallimard, contactées par Les Inrocks, seulement 48 exemplaires de La Peste ont été vendus le 17 mars.
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Au-delà du classique de l’auteur de L’Etranger, qui tient la chronique d’une épidémie de peste survenue à Oran en 1940, d’autres romans se sont penchés sur le sujet qui est devenu notre quotidien, et nous aident à endurer le présent. Qu’ils traitent d’épidémies ou d’univers postapocalyptiques, voici six romans sur lesquels s’appuyer pour se confronter au monde post-Covid 19. Si vous les avez dans vos étagères, profitez-en ! Sinon, il est toujours possible de commander des livres, en évitant Amazon.
Le Hussard sur le toit de Jean Giono (Folio)
Ce roman de Jean Giono paru en 1951 nous plonge dans l’épidémie de choléra qui a ravagé la Provence vers 1830, et dans les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Dans ce contexte où les routes sont barrées et où l’on met les voyageurs en quarantaine (voilà qui pourrait nous intéresser), Angelo Pardi est soupçonné d’avoir empoisonné les fontaines de Manosque. Il trouve donc refuge sur les toits…
En le mettant en parallèle avec l’actualité, Jean-Luc Mélenchon a récemment recommandé la lecture de ce roman d’aventures, en l’analysant ainsi : “A lire ou à relire absolument. Non pour se faire peur mais pour méditer ce que veut dire vivre en compagnie de la mort et de la peur que répand une épidémie. Naturellement nous n’en sommes pas là. Mais le thème vaut d’être pensé pour regarder la peur dans les yeux avec le pouvoir d’en rire joyeusement. Peut-être est-ce la seule façon par là même de vaincre l’une et l’autre en les dominant par l’esprit.”
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Némésis de Philip Roth (Folio)
Dernier roman de Philip Roth (il l’avait annoncé aux Inrockuptibles en 2012 dans un grand entretien), Némésis raconte la vie de Bucky Cantor, jeune homme parfait, dévoué aux gamins dont il s’occupe, pris dans la tourmente d’une épidémie de polio aux Etats-Unis, en 1944. Un grand roman sur le hasard et la responsabilité, qui montre que la maladie et la mort n’ont aucun sens. “La maladie est la forme la plus extrême de la malchance : cela vous tombe dessus et vous n’y pouvez rien”, confiait aux Inrocks le grand écrivain américain.
Station Eleven d’Emily St. John Mandel (Rivages poche)
L’autrice canadienne nous fait suivre les pérégrinations d’une troupe d’acteurs et de musiciens, dans un monde qui s’est effondré suite à une épidémie de grippe mortelle. Alors que celle-ci a tué une grande partie de la population, la troupe itinérante joue Shakespeare et Beethoven, dans la région du lac Michigan, pour préserver l’espoir dans les communautés qui ont survécu. Une belle illustration de l’importance de l’art et de la création, même au bord du précipice.
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Terminus Radieux d’Antoine Volodine (Seuil)
Prix Médicis en 2014, ce roman du roi du post-exotisme ne traite pas à proprement parler d’une épidémie, mais d’un monde post-effondrement – en l’occurrence celui de la Deuxième union soviétique. Dans une Sibérie post-soviétique, une petite troupe survit (ou s’en donne l’apparence) dans un kolkhoze (ou ce qu’il en reste), en s’accrochant à l’utopie communiste. Un roman politique et onirique sur la fin de l’histoire et de l’Homme rouge.
Anna de Niccolò Ammaniti (Grasset)
Sicile, en 2020. Un virus mortel, “la Rouge”, a décimé les adultes en Europe. Les enfants, protégés jusqu’à l’âge de la puberté, doivent s’organiser pour survivre. Anna se retrouve seule avec Astor, son petit frère de quatre ans, et doit affronter le monde extérieur, livré à la désolation.
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La Route, de Cormac McCarthy (Points)
Dans un monde réduit en cendres, sans que l’on sache l’origine du cataclysme, un père et son fils marchent sur la route, direction la mer, avec toutes leurs maigres possessions dans un caddie. Dans une langue sèche, brutale, l’auteur fait la chronique de leur lutte pour la survie dans des paysages désertiques et dévastés. Une lecture qu’on n’oublie pas.
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