Dans son nouveau roman, Christine Montalbetti nous entraîne dans un tourbillon de folles digressions, de la Normandie aux États-Unis en passant par le Japon. Virtuose et drôle.
Christine Montalbetti n’a pas son pareil pour alpaguer le lecteur ou la lectrice à grand renfort d’apostrophes, l’arrachant ainsi à l’immense solitude de la lecture, aussi intense que celle de l’écrivain·e. Ce n’est pas du racolage mais une tentative un peu cinglée de mutualiser nos singularités en quête d’un possible unisson. Comme dans le Rock’n’roll Suicide de David Bowie, la voix de Montalbetti nous fredonne : “Oh no love! you’re not alone.”
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Son nouveau roman, à cet égard bien nommé Le Relais des amis, nous prend la main dès sa première ligne. “Une phrase, allons, une bonne petite phrase qui vous donne envie d’entrer dans cette histoire.” Une histoire simple délicieusement compliquée. Celle de Simon, un auteur qui, lui, n’arrive pas à trouver la première phrase malgré les conditions a priori idéales d’un retrait dans une maison au bord de la mer.
Écrivain “bon qu’à ça”, mais en l’occurrence bon à rien. Pour distraire sa défaillance, Simon part en balade qui vire à la ballade poétique. “Marcher, je vous le dis pour le cas où vous auriez envie un jour d’écrire, a un drôle d’effet entraînant.”
Une machine à divaguer
Nous voilà en effet entraîné·e par exemple quand Simon, au terme de sa randonnée (de l’anglais random, “hasard”), entre dans un café, Le Relais des amis, où on se sent comme à la maison, mais une maison-monde, l’autrice métamorphosant ce microcosme et ses habitant·es (les bavard·es, les taciturnes et l’impromptu Simon) en un univers qui, le temps d’un café noisette, réchauffe le cœur ou ce qu’il en reste. On ne va pas non plus y passer sa vie.
Du côté de la vie, de l’humour et de la bienveillance pour le meilleur du genre humain
Allez hop, le “allez hop !” devient le ricochet allègre qui fait carburer le récit. “Allez hop !” sautons dans un train, puis, de fil en aiguille (plus de fil que d’aiguille), embarquons fissa à bord d’un jet mental qui s’envole vers le Portugal, le Japon, l’Amérique, tel·les des passager·ères clandestin·es précipité·es dans une machine à divaguer au gré des espaces, des paysages et des rencontres.
C’est quoi ce bazar ? Un beau bazar justement. Car “le monde est un réseau inextricable de possibles, qui font autour de nous leur sarabande, et que nous assassinons finalement sans vergogne chaque fois que nous faisons un choix”. Christine Montalbetti fait ses choix du côté de la vie, de l’humour et de la bienveillance pour le meilleur du genre humain. Le Relais des amis donne envie de trinquer. Santé !
Le Relais des amis (P.O.L), 140 p., 19 €. En librairie le 5 janvier.
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