L’essayiste et romancier Jean-Pierre Martin construit une fresque monumentale constituée d’individus portant son nom.
C’est le nom de famille le plus porté en France, et Jean-Pierre Martin est bien placé pour le savoir. Aussi, l’auteur de Mes fous (Éditions de l’Olivier, 2020) s’est lancé dans un projet littéraire qui, en effet, peut sembler fou : retracer à travers les siècles les trajectoires d’individus dénommés Martin. Depuis le premier, Saint Martinus, né en Italie du Nord au IVe siècle, qui n’écrivait pas mais rendait la parole aux muet·tes, jusqu’à Trayvon Martin, adolescent noir abattu en 2012, en Floride.
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Le résultat tient de l’art performatif autant que de l’essai historique, et rejoint d’autres travaux récents d’écrivain·es désireux·euses de bousculer les formes littéraires avec des projets incongrus et titanesques. On pense à Lydia Flem listant dans Paris Fantasme (Seuil) tous·tes ceux et celles qui, depuis le Moyen Âge, ont habité la rue Férou à Paris.
Martin s’interroge sur sa démarche, et signe un travail autobiographique à fragmentations
Dans sa foule de portraits, Martin s’intéresse à l’infiniment petit, montre que la grande Histoire est affaire d’anonymes tombé·es dans l’oubli. Et, avec ces missionnaires ou commerçant·es lancé·es sur les routes et les mers, il met en évidence un aspect particulier de l’Occident, dont la population s’est éparpillée jusqu’au Japon et aux Amériques.
De vie en vie, Martin s’interroge sur sa démarche, et signe un travail autobiographique à fragmentations, libérant une réflexion personnelle sur la transmission. “À force d’essayer de ranimer tant de figures et de les arracher au silence, j’oubliais ma propre existence au point de disparaître dans les méandres d’une biographie collective.”
Le Monde des Martin de Jean-Pierre Martin (Éditions de l’Olivier), 736 p., 25,90 €. En librairie le 4 février.
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