L’été se profile. En langage littéraire, c’est la saison des livres de poche, le moment de réviser ses classiques.
Priorité aux légendes : paru l’an dernier mais résolument nostalgique, Rencontres avec John et Yoko de Jonathan Cott (10/18) raconte avec tendresse les débuts du couple mythique, mais ouvre également la porte de l’intimité de Lennon à travers des entretiens menés entre 1968 et sa mort en 1980. Rock toujours, le roman culte de Don DeLillo, Great Jones Street, ressort chez Babel. Parodie de la scène rock des années 70, pied de nez à la presse musicale et aux icônes de l’époque, le livre se lit avec les Basement Tapes de Dylan en fond sonore.
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Bob et les Beatles avaient à peine du poil au menton quand parurent les Mythologies de Roland Barthes (Points), classique bientôt sexagénaire mais qui n’a rien perdu de sa pertinence. Un recueil à picorer tout l’été, peut- être en alternance avec la compilation de chroniques et reportages signée Colette, et publiée aujourd’hui en Libretto chez Phébus sous le titre Colette journaliste. Qu’elle zoome la 4e dimension dans l’intime de la vie des femmes pendant la guerre ou qu’elle couvre le procès retentissant d’un tueur en série, c’est à l’humanité que Colette se collette au fil de reportages poignants.
Exploration des légendes toujours, Un plaisir trop bref, la merveilleuse correspondance de Truman Capote, sort enfin en poche, chez 10/18. Même constat du côté de chez Walker Percy, auteur majeur de la littérature du sud des Etats-Unis. Son grand roman, Le Cinéphile, publié pour la première fois en 1961, ressort chez Rivages Poche, et c’est toute la moiteur et l’effervescence de La Nouvelle-Orléans qui émanent de ces pages indémodables. A relire dans le train ou un soir d’insomnie caniculaire, avant de les repasser à un petit neveu pour le divertir de sa PS4, quatre des aventures d’Hercule Poirot s’offrent un coup de jeune sous la classique bannière du Masque. Agatha Christie, infatigable compagne de nos étés…
Autre grande dame, celle-ci récemment nobélisée, Alice Munro s’invite dans les sacs de plage avec un titre de circonstance : paru en 2013, Trop de bonheur ressort chez Points. Un regard désespéré et brillant sur l’humanité, que n’aurait pas renié E. M. Forster, auteur d’Avec vue sur l’Arno (Pavillons Poche/Robert Laffont), adapté au cinéma par James Ivory, sous le titre Chambre avec vue. Un roman initiatique dans l’Angleterre puritaine du début du XXe siècle, à laisser traîner sur les étagères poussiéreuses d’une maison de campagne gentiment décrépite.
Définitivement moins encombré de convenances, Oscar Zeta Acosta fut un proche d’Hunter S. Thompson et un activiste du Chicano Movement, qui milita pour les droits des Américains d’origine mexicaine, avant de disparaître mystérieusement en 1974, laissant derrière lui deux romans autobiographiques. Le premier, Mémoires d’un bison, paraît chez 10/18, alors que le second, La Révolte des cafards, est disponible en grand format chez Tusitala. Côté rattrapage, A moi seul bien des personnages, le dernier roman de l’Américain John Irving, paraît chez Points, alors que l’ex-Inrockuptibles Marc Beaugé ne perd rien de sa pertinence en poche : De l’art de mal s’habiller sans le savoir (Points) sauvera du “fashion faux pas” bien des mâles indécis. Un indispensable de l’été : le Petit dictionnaire amoureux de Venise de Philippe Sollers, disponible chez Pocket. A feuilleter sur un vaporetto ou dans le métro, pour voyager en pensée.
Clémentine Goldszal
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