En quelques mois, ce jeu à l’aspect pourtant primitif a su séduire des milliers de gamers. Une mécanique diabolique.
C’est, dans un sens, le jeu de l’année. Celui qui, arrivé discrètement dans une version primitive en “accès anticipé” et pour un prix modique (2,39 €) sur la boutique en ligne Steam dans le courant du mois de décembre 2021, a vu sa cote monter de mois en mois alors que son créateur Luca Galante, basé à Londres, s’efforçait de l’enrichir et de le peaufiner.
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À l’automne, il a figuré deux mois d’affilée en tête des titres les plus joués sur la console portable Steam Deck, devant Elden Ring et Spider-Man, et, une semaine après le lancement de sa version définitive le 20 octobre dernier (au prix toujours pas excessif de 5 €), il apparaissait tout simplement comme la nouveauté de 2022 la plus appréciée des utilisateurs et utilisatrices de la plateforme de jeu en ligne.
Au premier contact, Vampire Survivors a pourtant l’air d’une toute petite chose. Après un écran d’accueil rappelant vaguement la saga gothique Castlevania, vous choisissez votre héros·oïne, et vous voilà propulsé·e au centre de l’écran alors que des chauves-souris surgies de partout convergent vers vous. Alors vous prenez la fuite, vous slalomez entre les bestioles, dont certaines succombent aux coups de votre arme déclenchée automatiquement. Voilà : Vampire Survivors, c’est ça.
Une surface presque vierge et abstraite
Peu à peu, d’autres créatures apparaissent : des squelettes, des fantômes, des mantes religieuses géantes… À chaque montée de niveau, vous obtenez le droit de choisir un nouvel accessoire parmi trois ou d’améliorer l’un de ceux que vous possédez déjà : une baguette magique, un couteau, une armure, une hache ou une plâtrée d’épinards qui rendent plus costaud·e. Et puis, au bout de deux à trois minutes au départ et de périodes de plus en plus longues au fil de vos tentatives, vous mordez la poussière. C’était pourtant si près de passer. Allez, on se dépêche de recommencer.
Si Vampire Survivors fascine – au-delà de l’inattaquable précision de ses mécanismes de jeu – c’est qu’il paraît à la fois emblématique de son temps (le développement poursuivi en public avec la “communauté” via le modèle de l’early access, l’éternel recommencement à chaque partie dans l’esprit du classique redevenu tendance Rogue…) mais aussi comme distraitement résistant. Son monde ouvert est une surface presque vierge et abstraite (le vert = l’herbe), son bestiaire, une collection d’automates dépourvus de personnalité et le combat, quasi passif, presque un effet secondaire, une arrière-pensée.
De fait, jouer au minimaliste et nerveux Vampire Survivors, ce n’est pas lutter mais esquiver. C’est réinventer à chaque instant la trajectoire subtile et parfois miraculeuse – entre une nuée de chauves-souris et une horde de zombies – qui permettra de continuer à exister. Et à bouger, tourner, filer, se figer et bifurquer – autant dire, alors que tout va mal et qu’on semble condamné – à danser. Entre le tempo de notre arsenal et celui des monstres, vite changeant, trouver le nôtre ne vaudra qu’un instant. La progression de la difficulté est brutale, le style graphique presque grossier. Mais Vampire Survivors a tout d’une expérience de la beauté.
Vampire Survivors (Poncle), sur Mac, Windows et Xbox, environ 5 €.
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