La saga du héros glouton se (re)découvre grâce à sa biographie officielle roborative et la réédition de quatorze jeux emblématiques.
“J’ai moi-même passé des semaines dans une stupeur Pac-Man, sans vouloir ni pouvoir penser à autre chose”, avouait l’écrivain britannique Martin Amis dans Invasion of the Space Invaders, sa déclaration d’amour aux jeux vidéo de 1982.
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On a oublié l’ampleur du phénomène Pac-Man et tout ce qu’il a changé. Un livre, Pac-Man : naissance d’une icône, traduit il y a quelques mois, et une compilation de quatorze jeux donnent l’occasion de s’en souvenir. Et de se laisser (re)gagner par la fièvre Pac-Man.
Une approche moins violente, moins masculine
Lancé dans les salles d’arcade en 1980, Pac-Man ne fut pas le premier jeu vidéo à succès. Il y avait eu Pong (1972), Space Invaders (1978) et bien d’autres, mais l’œuvre de Toru Iwatani avait quelque chose de différent. La simplicité de son principe de course-poursuite, déjà, mais aussi une volonté assumée par son auteur (cité dans Pac-Man : naissance d’une icône, que signent Arjan Terpstra et Tim Lapetino) de se démarquer des jeux “véhiculant une image violente et essentiellement masculine”.
L’autre originalité du titre édité par Bandai Namco, c’est son parti pris de raconter une histoire, avec des petites séquences non interactives entre certains niveaux. “La popularité de Pac-Man révolutionne la relation entre jeux et joueurs, soulignent Terpstra et Lapetino, ouvrant la voie pour tous les autres personnages de jeu vidéo à succès grâce à son protagoniste mignon, doté d’une vraie personnalité et susceptible d’avoir une vie au-delà de l’univers confiné d’un tube cathodique.” Les innombrables produits dérivés, les disques ou le dessin animé produit par Hanna-Barbera l’ont bien prouvé.
Les véritables joyaux de cette Pléiade pac-manienne sont “Pac-Man Championship Edition” et “Pac-Man 256”, stupéfiants remixes du jeu original
Pac-Man a aussi pour particularité d’être un héros mi-japonais, mi-américain, car c’est après avoir traversé le Pacifique qu’il a pris une nouvelle dimension. Sur les dix premières suites de Pac-Man, six sont ainsi des productions Midway, dont les populaires Ms. Pac-Man et Jr. Pac-Man.
Ces dernières sont d’ailleurs absentes de l’anthologie Pac-Man Museum +, centrée sur la part japonaise de la légende et qui mêle perfectionnements de la formule (Super Pac-Man, Pac-Mania…) et pas de côté (le jeu de plateforme Pac-Land ou le Tetris pac‑manisé Pac-Attack).
“L’indépassable philosophie de notre temps”
Les véritables joyaux de cette Pléiade pac-manienne sont cependant Pac-Man Championship Edition et Pac-Man 256, stupéfiants remixes du jeu original. Lequel, proclamait Chris Marker dans Sans soleil (1983), contient “l’indépassable philosophie de notre temps”.
“Je ne savais pas, en lui sacrifiant toutes mes pièces de 100 yens, qu’il allait conquérir le monde, poursuit la voix off du film. Peut-être parce qu’il est la plus parfaite métaphore graphique de la condition humaine. Il représente à leur juste dose les rapports de force entre l’individu et l’environnement, et il nous annonce sobrement que s’il y a quelque honneur à livrer le plus grand nombre d’assauts victorieux, au bout du compte ça finit toujours mal.”
Pac-Man Museum + (Bandai Namco), sur Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S et Windows. Sortie le 27 mai.
Pac-Man : naissance d’une icône d’Arjan Terpstra et Tim Lapetino (Omaké Books), traduit de l’anglais (États-Unis) et du japonais par Florent Gorges et Sébastien Saugout, 335 p., 44,90 €. En librairie.
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