Conciliant simulation pointue et satire, la nouvelle création des auteurs de “Two Point Hospital” nous confie le destin de plusieurs facs.
Est-ce quand a été annoncée une pluie de grenouilles sur l’université qu’on a commencé à s’inquiéter ? Ou quand les élèves se sont plaints du froid entre le labo de robotique et la bibliothèque ? Jusqu’à preuve du contraire, ça chouinait moins pendant la fête au foyer des étudiants qu’ils avaient si lourdement réclamée… On a commencé à s’inquiéter, mais aussi, et surtout, à jubiler. Avec les jeux de gestion, le plaisir naît largement de l’impression qu’on pourrait bientôt se sentir dépassé.
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Prospère dans les années 1990, de Sim City à Rollercoaster Tycoon, le genre s’est offert un spectaculaire retour au premier plan au cours de la décennie passée et nous invite aujourd’hui à concevoir et développer à peu près toutes les organisations que l’on pourrait imaginer : un zoo de dinosaures, une prison, un festival musical, un réseau de trafic de drogue… Curieusement, le monde de l’éducation avait jusqu’ici été plutôt négligé, mais c’est un manque, qu’en prélude à la rentrée, Two Point Campus vient joliment combler.
Bac à sable
À qui a fréquenté l’épatant Two Point Hospital des mêmes auteurs britanniques, l’interface et le système de jeu seront immédiatement familiers. On retrouve en effet la même manière de construire et d’aménager les lieux et la même logique d’ajout progressif de fonctionnalités (qu’on nous lance comme autant de nouvelles balles pour voir si on arrive toujours à jongler) et de surgissement d’événements au fil de son mode histoire, qui tient à la fois du puzzle game puissance mille et du tutoriel géant, avant d’aborder, enfin libre et – si tout se passe bien – compétent, son mode bac à sable pour y édifier le campus de nos rêves.
Facteur humain
On retrouve aussi dans Two Point Campus l’humour pince-sans-rire qui est l’une des composantes principales du style Two Point. Celui-ci passe par les annonces audio destinées aux étudiants, à qui la voix, dont la fonction rejoint celle des radios de GTA, rappelle notamment qu’ils sont censés vivre la meilleure période de leur existence, mais que le temps libre n’existe pas, ainsi que par tout un tas d’éléments satiriques ou clownesques qui tirent le jeu du côté de la comédie. Sauf que la façon dont tout s’imbrique est aussi extrêmement sérieuse. Pour faire croître et embellir notre belle institution spécialisée en science, cuisine ou magie, il ne faudra rien négliger : la configuration de l’espace, la formation des enseignants, la déco, l’état des toilettes et surtout cet ensemble de phénomènes difficilement prévisibles, plus connu sous le nom de “facteur humain” dont la finesse de la simulation est le secret de tout bon jeu de gestion – et Two Point Campus en est un.
Théâtre
Ces petites créatures de synthèse qu’on ne se lasse pas d’observer sont à la fois nos maître·sses et nos cobayes, fourmis travailleuses ou figurant·es alternativement mollasson·nes et agité·es d’une pièce de théâtre au long cours dont l’évolution dépend de nos décisions, mais qu’on ne contrôlera jamais totalement. La voix reprend : “Les étudiants ne doivent pas oublier que je ne suis pas leur maman.” Très juste, car c’est nous, évidemment.
Two Point Campus (Two Point Studios/Sega), sur Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S, Mac, Linux et Windows, environ 40€.
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