Attendu depuis cinq ans, le jeu du Canadien Andrew Shouldice plonge un petit renard dans un monde fascinant où tout est à déchiffrer.
Rien de tel qu’une aventure aux couleurs vives dans un univers ensoleillé pour se remettre de l’âpreté d’Elden Ring, le majestueux jeu de rôle d’Hidetaka Miyazaki en passe de devenir le phénomène vidéoludique de ce début d’année.
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La mer est bleue, les arbres à croquer et notre petit renard tout mignon se dirige en trottinant vers l’un des habitants de ce monde adorable, qui s’empresse de l’agresser brutalement. Game over. Mais… Elden Ring, c’est encore toi ?
Trésors cachés
Ne pas se fier aux apparences. Si le style graphique très rond de Tunic et sa vue isométrique rappellent la douceur irréelle de The Legend of Zelda : Link’s Awakening version Switch, le projet très personnel du Canadien Andrew Shouldice n’est pas de ces jeux qui incitent à la dérive tranquille et à l’exploration rêveuse, mais plutôt, comme Elden Ring et les autres productions FromSoftware (Dark Souls, Bloodborne, Sekiro…), une œuvre qui se mérite. Et qui s’aborde prudemment, pas à pas, avec la conscience que le danger peut surgir de partout et qu’apprendre de nos erreurs est la condition de toute progression.
D’une manière à la fois révélatrice et malicieuse, l’un des principaux trésors cachés dans ses décors, l’une de nos plus belles récompenses, est d’ailleurs son manuel, reconstitué page par page au fil de l’aventure. Ce qui permet par exemple d’apprendre, si on ne l’a pas constaté soi-même, que notre petit renard devient brièvement invulnérable quand il fait une roulade, une information capitale pour vaincre le cruel Chevalier du Jardin de l’Ouest en utilisant à bon escient l’épée, le bouclier et les divers bombes et accessoires à notre disposition.
Émerveillement
Que faut-il faire ? Où aller ? Et que signifient ces panneaux rédigés dans une langue inconnue ? Jouer à Tunic, c’est faire l’expérience d’un monde non seulement mystérieux mais cryptique et dans lequel à peu près tout (l’organisation des lieux, le comportement des ennemis, l’utilité des objets que l’on déniche) demande à être déchiffré. Mais il ne s’agit pas pour autant d’un univers aride, d’un casse-tête géant déployé dans l’espace et le temps car Tunic est aussi de ces jeux qui savent provoquer l’émerveillement. Ce moment où l’on débouche soudain dans un vaste espace ensablé sans monstres ni danger est révélateur : sous les puzzles et les combats sans pitié, il y a du Journey, mais un Journey majoritairement empêché, contrarié. Comme l’œuvre de Jenova Chen, Tunic est un voyage mental, une épopée intérieure.
Cela tient à peu de choses, à l’ambiance générale (mention à la musique du duo Lifeformed), au fait que les ennemis réapparaissent après chaque passage par un point de sauvegarde, mais l’œuvre d’Andrew Shouldice a moins pour enjeu la conquête des lieux que le rétablissement d’une continuité entre eux, leur reconnexion (en ouvrant la voie, en abaissant des ponts…), ce qui le rapproche d’un chef-d’œuvre beaucoup plus pacifique du jeu indé : A Short Hike. Car voilà au fond où nous entraîne Tunic : à l’intersection des routes d’A Short Hike et d’Elden Ring. Drôle d’endroit pour une bien belle rencontre.
Tunic (Andrew Shouldice/Finji), sur Xbox One, Xbox Series X/S, Mac (29,99€) et Windows (27,99€)
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