Rompant avec le classicisme appliqué des “New Super Mario Bros.”, Nintendo met de la folie dans son nouveau jeu de plateforme en 2D.
“T’as raté un truc, non ?” Les fleurs ont toujours raison. Il est même probable qu’en l’occurence, on ait manqué plus d’un numéro du nouveau grand spectacle du cirque Mario, de retour en ville après des années d’absence. Mais combien, d’ailleurs ? Un retour en arrière s’impose pour saisir l’événement que constitue l’inespéré Super Mario Bros. Wonder.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dans les aventures de la mascotte à moustaches, un virage décisif a été pris au milieu des années 1990 avec le glorieux passage en 3D de la série qui a donné Super Mario 64, Sunshine, Galaxy ou plus récemment Odyssey, autant de jeux d’exploration autant que de plateforme au sens strict. Le canal historique 2D a d’abord semblé abandonné, jusqu’au lancement, une décennie, plus tard de la branche des New Super Mario Bros. se reposant assez sagement sur les bases posées entre 1985 et 1991 par Shigeru Miyamoto et ses disciples.
Pour aller vite : aux épisodes en 3D les vertiges modernistes, et aux New Super Mario Bros. le charme néoclassique. Jusqu’à cet incroyable Wonder, qui chamboule tout grâce à une arme secrète : la drogue.
Chœur de plantes carnivores
À vrai dire, on a toujours trouvé louche cette histoire de plombier qui saute dans tous les sens en se croyant tout-puissant après avoir gobé des champignons, mais Super Mario Bros. Wonder pousse plus loin que jamais l’hypothèse psychédélique. Au premier niveau, Mario se métamorphose en éléphant (en référence à Fantasia ?).
Au deuxième, sa progression est accompagnée par un chœur de plantes carnivores (venue de La Petite Boutique des horreurs ?) Et ça continue comme ça jusqu’à la fin du jeu, dont les niveaux même voient leur structure changer.
Pour cela, il nous faut trouver une fleur spéciale plus ou moins dissimulée dans les décors, entrer en contact avec elle et voilà, le processus est lancé. Place au grand trip surréaliste.
Montées enivrantes
Alors, tout tourne, tangue et se transforme, notre personnage (qui peut être Mario ou tout autre membre de sa bande) comme les lieux qu’il traverse. Ça colle, ça brûle ou ça mouille. On flotte, on chute, on nage dans des bulles. Il fait nuit ou jour, ce qui nous faisait trembler nous attire à présent et la fin du parcours est un délicieux soulagement.
Pas de descente ici, mais que des montées, enivrantes et sans cesse recommencées, alors que même les passages les moins hauts demeurent très élevés. Le plus fou étant que, là où ces furieuses embardées pourraient menacer la cohérence même du jeu, Super Mario Bros. Wonder impressionne par sa manière de retomber toujours sur ses pieds.
Savant dosage
Il y aurait tant à dire encore sur ce jeu prodigieux. Sur son système de badges, qui ajoute une dimension stratégique à l’expérience, en obligeant à choisir l’une ou l’autre des compétences de Mario (saut d’escalade, grand saut accroupi…). Sur son savant dosage de parcours longs et de défis resserrés aux principes variés. Sur son sens du rythme, son expressivité plastique, voire son appel quasi-explicite à une lecture psychanalytique.
Mais la plus importante des vérités sort une fois encore de la bouche des fleurs : “Qu’est-ce qu’il y a plus loin ? demande celle-ci, en nous regardant passer. Je veux savoir…”
Super Mario Bros. Wonder (Nintendo), sur Switch, environ 60 €.
{"type":"Banniere-Basse"}