Très attendu, le space opera des créateurs de “Skyrim” se révèle fabuleusement riche mais moins agréable à jouer qu’espéré.
Alors, c’était comment ? Tu t’es senti remué·e, transporté·e, différent·e ? Au cours des premières heures passées dans l’univers foisonnant de Starfield, l’interrogation revient souvent. En quoi consiste exactement l’effet supposé sidérant que provoque l’exposition à l’un ou l’autre de ces mystérieux artefacts recherchés de planète en planète par les personnages du jeu ? Allez, toi qui en a touché un, raconte…
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L’infiniment grand
Il n’est pas interdit de penser qu’à travers cette quête au long cours, Starfield nous parle aussi de lui-même : de son projet ludique comme de l’attente qu’il a suscité depuis son annonce officielle en 2018 avec le statut de “premier nouvel univers en plus de 25 ans” des studios Bethesda, responsables de la saga The Elder Scrolls (Morrowind, Skyrim…) et des derniers Fallout.
Mais le fantasme sur lequel repose Starfield remonte beaucoup plus loin : aux origines même du médium vidéoludique qui, d’emblée, a rêvé d’espace (Spacewar! en 1962, Computer Space en 1971, Space Invaders en 1978…) Et ensuite, plus précisément, à cette variante du jeu de science-fiction qui, depuis Elite ou L’Arche du Captain Blood dans les années 1980 et jusqu’à No Man’s Sky et Outer Wilds plus récemment, a fait passer au premier plan le plaisir de la découverte et le vertige de l’infiniment grand.
Pour tous les goûts
De fait, l’univers de Starfield se révèle immense et la variété des activités proposées presque effrayante. Qu’on se sente une âme d’explorateur·rice ou de commerçant·e, de guerrier·ère des étoiles ou de constructeur·rice de bases et de vaisseaux, de botaniste ou de zoologiste avide d’étudier la faune et la flore du millier de planètes offertes, il y en a pour tous les goûts. Et pourtant, quelque chose coince.
C’est une lourdeur dans l’interface du jeu (inventaire, compétences…), un fléchage des lieux à visiter à la fois omniprésent et imprécis (surtout dans les villes) ou d’importantes restrictions dans le pilotage des vaisseaux qui nous obligent à faire des “sauts” d’une région de l’espace à une autre en choisissant nos destinations dans un menu avant, comme jadis dans Mass Effect, d’aller profiter de ses ambiances variées (western, cyberpunk…) Vous espériez l’ivresse de l’apesanteur ? Désolé : avec Starfield, il va falloir trimer, suivre votre to-do-list, travailler vos dossiers et ne pas oublier la réunion du jour avec vos collègues de bureau – pardon, d’aventure galactique.
Conceptuellement daté
Plutôt rigide et anguleux alors que la tendance est à une souplesse accrue des gros jeux (voir Zelda : Tears of the Kingdom), Starfield donne l’étrange sentiment d’un titre techniquement spectaculaire mais conceptuellement daté qui, plutôt que d’annoncer l’avenir du médium, compilerait les ambitions de son passé.
Alors, Starfield, finalement, c’est comment ? Pas particulièrement aimable ni très accueillant, donc, et pourtant, à pratiquer, assez exaltant. Parce que s’ils sont peut-être trop nombreux, souvent perfectibles et assez mal rangés, tous les outils sont bien là pour se l’approprier. Et, dans la vraie tradition du jeu de rôle, vivre nos histoires à nous, nos singulières épopées.
Starfield (Bethesda Game Studios), sur Xbox Series et Windows, de 50 à 70€
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