La Sardaigne en 1989, des esprits japonais et un mystère dans l’espace : c’est notre sélection vidéoludique de la semaine.
Trois visions de l’épouvante en jeu vidéo : inspirée du giallo pour Saturnalia en Italie, minimaliste pour Yomawari: Lost in the Dark au Japon et proche des premiers Resident Evil pour Signalis en Allemagne.
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Saturnalia
Une touche pour agir, une autre pour faire défiler les pensées du personnage. Une bonne partie de ce qui fait Saturnalia, nouvelle création de l’important studio italien Santa Ragione (Wheels of Aurelia, Milky Way Prince, Fotonica), est là : dans la tension entre ce qu’on se dit et ce qu’on fait, surtout dans un lieu aussi particulier que celui dans lequel nous plonge ce giallo interactif, un village de Sardaigne à la géographie illisible (et changeante à chaque game over) où rôde une terrifiante “créature” qui s’annonce par un bruit de crécelle.
Plastiquement, Saturnalia se révèle aussi superbe que déstabilisant avec son quasi noir et blanc troué de bleus ou de roses néons, qui témoigne d’une recherche graphique dans le registre de l’horreur dont le seul exemple comparable récent est sans doute Mundaun. Jeu d’enquête autant que d’ambiance, Saturnalia est aussi un titre éminemment romanesque (l’enjeu : reconstituer le puzzle de son récit) qui brasse avec une belle aisance l’intime, le social et le politique. Une œuvre remarquable, et qui laisse des traces.
Sur Switch, PS4/PS5, Xbox et Windows, Santa Ragione, environ 20 €.
Yomawari: Lost in the Dark
On n’en mène pas large dans les rues de la ville japonaise de Lost in the Dark, troisième volet de la série Yomawari. Lorsqu’un esprit menaçant s’annonce, une jeune fille à la mémoire troublée et au cœur qui bat fort, victime de harcèlement scolaire, n’a d’autre choix que de fermer les yeux – tout le contraire de Mario face à un Boo, donc. Peut-être s’en ira-t-il ? Peut-être que rien n’est vrai et qu’elle va se réveiller ? Ne pas se fier au style quasi kawaii de sa 2D dépouillée mais léchée : Lost in the Dark est un jeu éprouvant, une expérience solitaire et lancinante de la fragilité. Et une belle leçon de game design sur l’intérêt de mesurer ses effets.
Sur Switch et PS4/PS5, NIS America, environ 40 €.
Signalis
Dans le registre du survival horror, le projet de Signalis semble l’exact inverse de celui qui a conduit aux remakes de Resident Evil 2 et 3 : redescendre d’un cran sur le plan technologique, et notamment graphique, pour retrouver l’allure incertaine et inquiétante des jeux d’épouvante de la première PlayStation. Ici, c’est dans l’espace que l’on navigue de salle en salle en quête de clés ou de munitions, sursautant quand une forme belliqueuse s’avance vers nous.
Signalis n’est cependant pas la relecture académique du genre (la carte qui se complète, la gestion de l’inventaire…) qu’on pourrait craindre, et pas seulement parce que des phases en vue subjective viennent s’insérer entre les séquences d’exploration classiques. Sa manière de faire advenir la vérité sur son récit, surtout, force l’admiration – plutôt tremblante, l’admiration.
Sur Switch, PS4/PS5, Xbox et Windows, rose-engine/Humble Games, environ 20 €.
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