2022, année des FMV ? Dans ces jeux en prises de vues réelles, plébiscités par les studios ces derniers mois, l’observation prend le pas sur l’action et chaque partie devient une enquête.
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C’est un jeu d’enquête, une plongée dans l’histoire d’une famille japonaise pour élucider quatre meurtres survenus au cours des cent dernières années. Jusqu’ici, rien d’anormal, mais ce qui peut surprendre dans The Centennial Case : A Shijima Story, production Square Enix qui sort ce mois-ci, c’est que ses personnages, à commencer par son héroïne autrice de romans policiers, ne sont pas conçus par ordinateur mais interprétés par des acteurs et actrices filmé·es dans des décors tout ce qu’il y a de plus réel. Car The Centennial Case est ce que l’on a coutume d’appeler un jeu en FMV (full motion video). Un film interactif, en somme, genre en vogue dans les années 1990 avec des titres comme Night Trap ou The 7th Guest et qui, après une éclipse de près de deux décennies, s’offre un étonnant retour au premier plan.
La source du basculement remonte à 2015. Cette année-là, un Anglais du nom de Sam Barlow, connu pour sa subtile relecture de la série d’épouvante Silent Hill avec l’épisode Shattered Memories, lance son premier jeu commercial indépendant : Her Story. Une enquête, déjà, que l’on menait en examinant attentivement les extraits vidéo des interrogatoires d’une même femme à la recherche d’indices permettant de découvrir la vérité. Quatre ans après Her Story, Barlow a récidivé avec le plus complexe (davantage de personnages et de ramifications narratives) Telling Lies et se prépare à lancer dans les prochains mois Immortality qui, encore une fois, sera un jeu en FMV.
Scruter les corps, écouter ce qui est dit en devinant ce qui est omis
Mais d’autres studios se sont engouffrés dans la brèche ainsi ouverte, comme, depuis le début de l’année, ceux des irrésistibles Not for Broadcast et Who Pressed Mute on Uncle Marcus?. Conçu par le britannique NotGames, le premier nous installe dans la régie d’une chaîne de télé d’État alors qu’un régime autoritaire se met en place, avec pour tâche de choisir en direct ce qui sera ou non diffusé. Quant au second, produit par les gallois de Wales Interactive qui n’en sont pas à leur coup d’essai en la matière, il nous précipite dans une réunion de famille dysfonctionnelle en visioconférence alors qu’empoisonné, le tonton Marcus du titre se meurt et que le ou la coupable ne peut être que l’une des personnes connectées.
Des séquences filmées ne peuvent offrir les mêmes possibilités d’interaction qu’un moteur de jeu ? Qu’importe : dans chacun de ces cas, l’enjeu se déplace de la main à l’œil de la joueuse ou du joueur. Il s’agit de scruter les corps, d’écouter ce qui est dit en devinant ce qui est omis, d’appréhender le récit comme un assemblage de portions d’espace-temps dont le montage serait à refaire afin d’y voir clair. Pour entraîner l’histoire vers sa meilleure fin en se consacrant au plus troublant des sujets d’investigation : le visage humain.
The Centennial Case : A Shijima Story (Square Enix), sur Switch, PS4, PS5 et Windows. Environ 50€. Disponible le 12 mai.
Not for Broadcast (NotGames), sur Windows. Environ 20€.
Who Pressed Mute on Uncle Marcus? (Good Gate Media/Wales Interactive), sur Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S, Mac, Windows, iOS et Android. De 5 à 13€.
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