Nettoyer parcs, véhicules et maisons grâce à un jet à haute pression, tel est le programme du jeu du studio britannique FuturLab qui, subtil et précis, fait un bien fou.
On pourrait séparer les jeux vidéo en deux branches : ceux qui encouragent nos désirs plus ou moins avoués de destruction et de chaos, et ceux dont l’enjeu est plutôt de remettre les choses à leur place et que, selon l’humeur, on qualifiera de jeux de l’harmonie ou de l’ordre. Si Tetris et ses descendants ont beaucoup apporté aux amoureux·euses du rangement, c’est une autre passion que vient combler PowerWash Simulator : celle du nettoyage.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Obsessionnel
Fraîchement parue en version définitive après une grosse année en accès anticipé, l’œuvre du studio britannique FuturLab peut se voir comme une évolution un rien obsessionnelle de Super Mario Sunshine, que le plombier Nintendo traversait armé d’un jet à haute pression lui servant notamment à asperger les zones polluées de l’île sur laquelle il passait ses vacances. Le même type d’accessoires, en plus réaliste, nous est confié dans PowerWash Simulator pour mener à bien des missions dont l’objectif ne change pas : laver. Une camionnette, un jardin, une moto, une voiturette de golf, un bungalow… Seul·e ou à plusieurs, au rythme qui nous plaît ou en temps limité. Fastidieux ? C’est au contraire l’expérience vidéoludique la plus gratifiante du moment.
Hypnotique
Par son titre, PowerWash Simulator semble revendiquer son appartenance à une famille de jeux dont le succès a été l’une des grandes tendances de ces dernières années : les « simulators » (Farming…, American Truck…, Bus…, Train…), qui s’appliquent à reproduire avec sérieux des activités professionnelles généralement techniques et en grande partie manuelles. Plus austères que glamours, ces jeux ancrés dans le réel provoquent un plaisir double. D’abord, il y a celui de la précision. Après avoir équipé la bonne tête sur notre nettoyeur haute pression (pour un jet puissant et ciblé ou pour couvrir une large surface), on s’applique à atteindre la crasse qui, par exemple, s’est logée sous le rebord d’une fenêtre. Ensuite vient la dimension hypnotique. Comme aux commandes d’une moissonneuse dans un champ de Farming Simulator, on s’oublie voluptueusement en arrosant les murs et les sols de PowerWash. Le bruit apaisant de l’eau n’y est pas pour rien, comme cet effet un peu magique sur la crasse qui, une fois touchée, disparaît. Ce pourrait être autre chose de répétitif et, peut-être, de plus constructif – du tricot, disons – mais nettoyer ces endroits qui n’existent pas a quelque chose de thérapeutique en soi.
Renaissance
« Passez notre amour à la machine / Faites le bouillir / Pour voir si les couleurs d’origine / Peuvent revenir », chantait Alain Souchon. Dans PowerWash Simulator, ce ne sont pas nos amours qu’on lave, mais il y a quand même de ça quand, au bout de plusieurs heures, le terrain de jeux pour enfants avec sa cage à écureuils et ses toboggans retrouve un bleu, un jaune, un rouge et un vert éclatants. C’est le passage du temps qu’on efface, cette couche sombre qui s’est posée au fil des années pour tout souiller, cacher, gâcher. L’expérience PowerWash est, au fond, celle d’une renaissance par les sens. Tout, vraiment, sauf un simple délassement.
PowerWash Simulator (FuturLab/Square Enix), sur Xbox One, Xbox Series X/S et Windows, environ 25€ (Inclus dans le Game Pass)
{"type":"Banniere-Basse"}