Quatre ans après un premier épisode déjà très réussi, la suite du remake en trois parties de “Final Fantasy VII” élève encore le niveau.
Nous voilà donc au milieu. Après le somptueux FF VII Remake(2020), Rebirth est la deuxième étape du vaste projet de Square Enix visant à offrir une nouvelle jeunesse au très aimé Final Fantasy VII (1997), repensé en luxueuse trilogie pour les années 2020. C’est plutôt un bon endroit où se trouver car le milieu, entre cœur battant et ventre idéalement mollissant, est justement ce qui semble préoccuper l’éditeur japonais.
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Puisque le destin de ses personnages, du post-ado taiseux Cloud au duo girl power Tifa – Aerith qui lui vole allègrement la vedette, est écrit d’avance, puisqu’on sait (ou qu’on peut aisément apprendre) où l’aventure va nous mener, l’idée est de l’étirer par son centre. Pour y glisser des trucs légèrement différents, pour modifier la chronologie du périple sans changer sa destination, pour creuser et éclairer ce qui peut l’être davantage, pour illuminer, enluminer, prendre des chemins de traverse et même des vacances. Faire des pauses ou courir en rond, prendre du recul sur le futur et fantasmer le passé, changer la tragédie en farce, puis l’inverse, pour ensuite tout retourner.
Faire corps avec le jeu
On le dit peu, mais le milieu, c’est généralement aussi le plus important dans un jeu de rôle. Plus que la mise en bouche souvent volontariste (et ici d’abord bien contraignante pour déboucher ensuite sur une phase exagérément ouverte), plus que la conclusion (qui occupe surtout l’esprit parce que c’est de là qu’on vient quand on est sorti d’un jeu), c’est ce qui fait les grands RPG : cette plage de temps extensible et incertaine où l’on perd de vue aussi bien le début que la fin pour faire corps avec le jeu, qui devient comme une partie de nous, et nous de lui.
Comme une seconde nature, une deuxième vie dont on réaliserait avec surprise qu’elle a poussé en douce à côté de la première. Avec Rebirth, tout se passe ainsi comme si c’était surtout nous qui étions re-né·e, qu’on ait ou non pratiqué l’original.
Parc d’attractions
Jeu modèle de bien d’autres, Final Fantasy VII reprend son sceptre sans ignorer ce que ces derniers ont fait entre-temps. À commencer par la série Yakuza / Like A Dragon dont l’épisode Infinite Wealth nous avait emballé il y a un mois, fameuse pour ses fluctuations de ton et son entrain multi-activités que l’on retrouvent largement ici, où la croisière s’amuse avant un récital de piano et une virée au parc d’attractions sans que jamais rien de tout cela ne vienne entacher les flash-back (ou forward ? Quelle importance ?…) tire-larmes.
Il y aurait encore bien des choses à dire sur ce jeu plaisamment copain et néanmoins majestueux. Sur la symbolique du prénom de Cloud (qui a vraiment la tête dans ce “nuage” ?), sur l’épée de Damoclès qui plane sur Aerith (dont la mort dans FF VII a marqué une date pour l’histoire même du médium), sur la folie de la performance quasi-déguisée qui règne ici (comme si chacun·e s’adonnait à un cosplay d’elle- ou de lui-même), sur le propos social et écolo ou, accessoirement, sur le jeu de cartes dans le jeu accueilli comme une gentille parenthèse mais dont on rêve désormais la nuit. Autant de raisons, parmi bien d’autres, de ne pas se sentir pressé de dépasser ce long et merveilleux milieu.
Final Fantasy VII Rebirth (Square Enix), sur PS5, environ 80€
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