Inédit hors du Japon depuis 1994, le jeu de rôle de Square Enix gagne un superbe remake, alors que l’éditeur de “Street Fighter” lance une nouvelle collection de jeux d’arcade.
Ce n’est pas tous les jours qu’un jeu de rôle japonais nous permet de lancer du caca à l’ennemi ou de l’asphyxier avec nos pets. Si l’on ajoute que le même RPG nous invite à protéger un village du Far West d’un groupe de hors-la-loi, à pénétrer en ninja une forteresse japonaise ainsi qu’à enquêter dans un vaisseau spatial en déroute, on aura compris que Live A Live n’est pas un jeu comme les autres. C’est aussi un miraculé car, depuis sa création en 1994, il n’avait jamais été publié hors du Japon jusqu’à son arrivée, aujourd’hui, dans un superbe remake HD reprenant la technologie utilisée dans Triangle Strategy.
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L’influence du cinéma
Pour le jeu de rôle japonais, l’époque qui voit naître Live A Live est celle d’un âge d’or, celui des grands Final Fantasy et Dragon Quest en 2D, et d’une tendance de plus en plus forte à l’expérimentation narrative qui donnera des titres comme Romancing SaGa 3, Earthbound ou encore Chrono Trigger. Paru six mois avant ce dernier et signé du même réalisateur, Takashi Tokita, Live A Live se distingue par sa manière de transposer au jeu vidéo le principe des films omnibus avec ses sept récits indépendants se déroulant à des époques différentes, de la préhistoire au futur, et qui seront ensuite complétés par un huitième avant qu’une ultime partie ne fasse finalement le lien entre les précédentes.
Le cinéma apparaît d’ailleurs comme une influence majeure de Live A Live, et pas seulement parce que ses chapitres ont à peu près la durée d’un long-métrage, de son épisode western (où l’on croise notamment un Clint – comme Eastwood – et un Wayne – comme John) à ses variations SF – qui évoquent Akira pour l’une et un mélange de 2001 et d’Alien avec R2D2 en bonus pour l’autre. Mais, plus généralement, c’est leur audace qui impressionne. Car, ici, tout est permis : l’émotion et la paillardise, la surcharge autant que l’épure, la mise en avant des combats (qui empruntent au sous-genre du tactical RPG) ou leur quasi-effacement. Dans ce jeu romanesque et pacifié, il semble cependant moins s’agir de tester les limites du genre que de montrer tout ce qu’il est capable d’accueillir sans craquer. Au diable l’académisme, la prudence, les conventions. Dès 1994, l’épatant Live A Live montrait la voie en toute décontraction.
Voyager dans le temps
La variété est aussi au menu de la deuxième livraison de l’Arcade Stadium de Capcom, qui propose 32 jeux dont les dates de sortie s’échelonnent entre 1984 (pour le chouette Son Son) et 2003 (pour Hyper Street Fighter II). Les possesseurs des autres compilations de l’éditeur pourront regretter quelques doublons avec la récente Fighting Collection ou le Beat’Em Up Bundle, mais, dans sa reproduction de salles d’arcade plus flamboyantes que nature, on retrouve avec plaisir les perles Three Wonders, Black Tiger ou 1943, ainsi que des titres moins célèbres, comme le piquant Savage Bees (alias Exed Exes), le frénétique Side Arms, le puzzle game Pnickies ou encore le casse-brique Block Block. Un trip nostalgique ? Plutôt une machine à voyager dans le temps pour, in fine, s’en libérer. Car le vrai cadeau que nous font ces jeux d’avant, c’est un éternel présent.
Live A Live (Square Enix/Nintendo), sur Switch, environ 50€ ; Capcom Arcade 2nd Stadium (Capcom), sur Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S et Windows, environ 40€ pour le pack de 32 jeux (également disponibles à l’unité)
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