Un classique du jeu de rôle japonais remasterisé et deux variations modernes sur les lois du genre : c’est notre sélection vidéoludique de la semaine.
Datant de la première PlayStation, Chrono Cross arrive pour la première fois en France alors que, chacun à sa manière, les jeux de rôle Monark et Crystar naviguent entre le réel et l’imaginaire.
Chrono Cross: The Radical Dreamers Edition
Vingt-deux ans. C’est le temps qu’il a fallu à Chrono Cross, héritier du très aimé Chrono Trigger, pour bénéficier d’une sortie officielle en Europe. Youpi ? Pas complètement, car le travail de remasterisation de Square Enix ne se révèle pas au-dessus de tout soupçon, en dépit de l’ajout des options de “confort” (possibilité d’accélérer l’action, d’éviter les combats “aléatoires”…) habituelles de ses rééditions. Mais un peu youpi malgré tout car, même techniquement bancal, Chrono Cross, ce n’est pas rien. C’est d’abord, historiquement, un séduisant pas de côté pour l’éditeur de Final Fantasy qui, avec le recul et par bien des aspects (le début en bord de mer, la mémoire comme enjeu…), annonçait Kingdom Hearts. C’est, surtout, un jeu de rôle aux folles audaces narratives qui, en s’appuyant sur une logique de réalités parallèles, offre un joli miroir à celui ou celle qui rêve en tenant la manette.
Sur Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S et Windows, Square Enix, environ 20 €.
Monark
Un jeu qui commence par un test de personnalité, c’est original. Conçu par d’anciens développeurs de la série Shin Megami Tensei, Monark ressemble à une variation sur les principes de son spin-off Persona, avec ses lycéens projetés dans un autre monde pour y affronter des monstres. De son glorieux modèle, le modeste mais malin Monark se distingue par ses batailles de jeu de rôle tactique et en faisant le pari de l’explicite. Ici, c’est notre “ego” qui évolue en fonction de caractéristiques réparties entre les sept péchés capitaux. Serez-vous plutôt orgueilleux ou gourmand, paresseux ou luxurieux ? Et tiendrez-vous le coup lorsque votre “jauge de santé mentale” se dégradera ? Avec ses allures de Twin Peaks japonais à l’ère du téléphone portable, Monark fait beaucoup de choses bien et en dit aussi (sur l’adolescence, en particulier). De quoi lui pardonner son tempo lancinant et ses difficultés à se renouveler.
Sur Switch, PS4 et PS5, Lancarse/Furyu/NIS America, environ 60 €.
Crystar
Avec Monark, Crystar partage une logique de réalités parallèles entre lesquelles navigue son héroïne. Mais du style direct des combats de cet action-RPG découle une expérience bien différente, l’alternance se faisant ici entre des phases en chambre quasi engourdies et des fugues extrêmement rythmées dans un monde de cauchemar. Ici non plus, on ne craint pas de nommer ce qui, ailleurs, se fait métaphorique : au cours de l’aventure, on récupère des “tourments”, que l’on “purifie” en pleurant pour en faire des “sentiments”. Nos larmes deviennent des armes et, entre deux affrontements, on reprend des forces avec des sablés ou du chocolat amer. Dans le jeu de rôle japonais, il n’y a pas que des monuments mais, aussi, une deuxième division, qui, parfois, touche profond.
Sur Switch, Gemdrops/Furyu/NIS America, environ 50 €. Également disponible sur PS4, PS5 et Windows.