La vie d’une jeune Tchèque appartenant à la communauté rom. Un équivalent moderne de l’histoire de Job, en prise directe avec une brûlante réalité sociale.
Dépassant les constats de circonstance, misérabilistes et/ou bien pensants, cette histoire de battante – qu’on évitera de comparer aux héroïnes des Dardenne – aux prises avec les vicissitudes administratives et familiales, frôlant la délinquance, et se régénérant constamment à travers ses problèmes successifs, est ce qu’on a vu, paradoxalement, de plus réjouissant et encourageant sur ce thème rebattu.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La vraie force du film et du cinéaste réside dans une évidente connivence avec la communauté tzigane (sédentarisée) d’Europe de l’Est (dont Petr Václav est proche, mais sans lui appartenir). Se gardant de tout angélisme et autres complaisances, le cinéaste se maintient à une distance juste, composant un portrait nuancé de l’un des peuples les plus ostracisés de l’histoire. Il met en avant leur dignité à travers son héroïne, animée d’un farouche désir de survie mais aussi d’intégration.
On est à mille lieues du folklore à la Kusturica, qui avait ses vertus romanesques, mais s’est souvent retrouvé à la limite de la caricature. En même temps, sur le plan strictement narratif, Václav n’a pas une approche audacieuse. Il s’en tient au déroulé chronologique et linéaire d’un parcours mouvementé, sans tenter aucune prouesse stylistique. Cela convient très bien à une fiction aux qualités avant tout documentaires.
Au-delà des étapes de la déréliction de Zaneta, de sa fuite permanente, entre son appartement, la maison déglinguée de son père, puis le foyer miteux où elle finit par atterrir, ce qui rend la trajectoire saisissante, c’est le travail sur le décor urbain. Aussi réaliste que brûlant – malgré un contexte hivernal…
{"type":"Banniere-Basse"}