Le premier film de la cinéaste Marí Alessandrini séduit, malgré quelques faiblesses.
Coming of age réinventé dans la steppe de Patagonie, Zahorí trace le portrait de Mora, une petite Italienne venue s’installer avec sa famille dans cette région d’Amérique du Sud. Exclue des mondes qui la regardent grandir (l’école et ses garçons macho, sa famille et son mode de vie écologiste), la jeune fille de 13 ans s’accomplit aux côtés d’un vieillard gaucho, gardien de troupeaux vivant en pleine nature comme les cow-boys solitaires. Elle se rêve en cow-girl comme le film semble rêver à ces westerns américains en format CinemaScope. Et s’imagine en fille affranchie des règles invisibles qui l’empêchent et lui refusent de jouer au football ou de monter à cheval.
Premier long métrage de l’Argentine Marí Alessandrini, Zahori est de ces films que l’on sent pétri par l’application d’un travail documentaire immersif et géographique auquel s’agrègent les souvenirs d’enfance de son autrice pour qui la steppe fut longtemps cet horizon lointain, infranchissable. Le film rend ainsi grâce au caractère à la fois dangereux et salvateur du paysage, et à la détermination de sa jeune héroïne, mais il multiplie beaucoup les points d’entrée et les points de vue (les parents, l’école, le vieil homme, une vieille femme, le petit frère, et ce cheval disparu qui donne son nom au titre comme l’évocation d’une quête).
Une vie rêvée
Il semble parfois empêché d’être vraiment le film qu’il voudrait être et peine par moment à rendre vivant le mysticisme que son scénario égraine comme de petits cailloux blancs (des cendres grises inondant le ciel, le fantôme d’une femme morte, la vue trouble du gaucho…). Perdant en substance dans ces moments trop littéraux, il regagne en intensité quand il croit fermement à sa fable et la passation qui se joue entre deux générations et deux genres, et laisse vivre son héroïne le fantasme de sa vie rêvée.
Zahorí de Marí Alessandrini, en salle le 6 juillet