Jalil Lespert aborde la vie d’Yves Saint-Laurent avec trop de réserve.
Dans la bataille médiatique qui opposa les deux biopics consacrés à Yves Saint-Laurent, le projet de l’acteur-réalisateur Jalil Lespert obtint très tôt un avantage sur son concurrent (Bertrand Bonello, dont le film est actuellement en montage) : l’accord de Pierre Bergé, ancien compagnon du couturier et propriétaire de la marque. Une officialisation qui lui a surtout ouvert l’accès aux collections YSL, à ses robes et dessins, tous exposés dans ce biopic dont la direction artistique semble être la seule préoccupation.
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Parler d’Yves Saint-Laurent, de sa vie et de son œuvre, c’est d’abord montrer l’artiste au travail, selon Jalil Lespert, qui déploie l’éventail des créations du couturier et saisit ses méthodes de fabrication avec élégance à défaut d’une réelle inspiration.
Une sorte de compilation accélérée et inconséquente
Mais il lui faut aussi raconter l’homme, son couple avec Pierre Bergé, ses pulsions suicidaires, son addiction à la coke et aux rent boys. C’est là que le bât blesse : de sa jeunesse à son arrivée chez Christian Dior, de la maison YSL à la déchéance, Jalil Lespert déroule les étapes clés de la vie du couturier dans une sorte de compilation accélérée et inconséquente, où rien ne se raconte vraiment, où tout reste évasif, interdit.
Comme s’il craignait de se confronter à son sujet, à la complexité psychologique qu’il exige, le cinéaste aborde chaque zone grise de l’histoire officielle pour aussitôt l’évacuer, refouler sa possible subversion au profit d’un vain travail d’imagier et de performeur (avec Pierre Niney et Guillaume Gallienne en exercice de mimétisme).
C’est ainsi que la relation entre Bergé et Saint Laurent se voit résumée par le premier en cette phrase consensuelle : “Ma seule faute fut d’avoir trop voulu le protéger.” Un désir de protection légitime pour un amant. Moins pour un cinéaste.
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