En vacances la semaine dernière, je suis allé voir OSS 117, attiré par une critique quasi unanime. Ouverture ciné du Monde et de Libé, citations de Hitchcock et de Bond, critique développée et positive dans Les Cahiers, sans oublier l’avis favorable de mon camarade Morain : je me réjouissais à l’avance de voir enfin une […]
En vacances la semaine dernière, je suis allé voir OSS 117, attiré par une critique quasi unanime. Ouverture ciné du Monde et de Libé, citations de Hitchcock et de Bond, critique développée et positive dans Les Cahiers, sans oublier l’avis favorable de mon camarade Morain : je me réjouissais à l’avance de voir enfin une comédie française élégante et raffinée. A la sortie, c’était tout ça pour ça ! Que s’était-il donc passé ? Certes, Brice Dujardin joue bien du sourcil, l’humour moquant l’esprit colonial fonctionne, et le réalisateur préfère le plan moyen et le découpage classique au grand angle et au montage stroboscopique dominants. Cela suffit-il à faire un film ? Prenons les transparences : elles bouleversaient chez Hitchcock parce que le cinéaste utilisait les moyens techniques de son temps et savait les érotiser. Cinquante ans plus tard, les transparences d’OSS ne sont qu’une citation rétro. De même, on est en droit de penser que se gausser de la mentalité coloniale quarante ans après la décolonisation n’est pas le signe d’un immense courage ou d’une grande originalité, mais bien l’expression un brin démago d’un consensus. OSS 117 est en fait typique de l’humour Canal (Jean-François Halin, ex-Guignols, signe les dialogues) et ressemble aux parodies ciné des Nuls ou des Guignols.
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Mais ce qui fait plaisamment diversion pendant trois minutes dans le flux du robinet cathodique, entre la poire et le fromage, peut devenir lassant quand vous êtes assis une heure et demie dans une salle de ciné. Je peux aimer un film pour mille raisons, mais quand je vais dans une salle de cinéma, c’est toujours dans l’espoir d’étancher mon besoin de croyance (en une histoire, un personnage, une situation, un système esthétique…). Or, OSS 117 est une parodie rétro, du genre qui tue toute croyance, dévalue toute implication. On se fiche de l’histoire – les auteurs s’en tamponnent eux-mêmes, on ne croit pas aux plans puisqu’ils ne sont que des imitations, tous les enjeux (le rapport Nord-Sud ou l’idylle) sont rabotés, mis à distance par le passéisme et le troisième degré. C’est du cinéma pour de la fausse et on sait qu’OSS ne court jamais aucun danger. Or, le rire n’est jamais aussi fort que lorsqu’il voisine avec le sombre voire le tragique – cf. Chaplin, Lewis, Hitchcock, Moretti… Quant à Dujardin, il composait une figure plus inattendue et singulière dans Brice de Nice.
Ni nul, ni déplaisant, cet OSS est juste un peu mince à ronger. Que la critique se soit unanimement emballée sur ce presque rien cinématographique est surprenant. Affaissement du niveau d’exigence critique, ou faiblesse tellement abyssale de la comédie française que le moindre film pas trop laid ou trop nul passe illico pour du haut de gamme ?
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