En ne respectant pas les changements de formats prévus par Xavier Dolan au cours de son film « Mommy », Netflix a déclenché les foudres du réalisateur, qui a obtenu gain de cause…
« Je réalise à l’instant, grâce aux tweets d’utilisateurs avertis, que vous diffusez mon film Mommy différemment, en ayant changé l’aspect-ratio. » C’est avec ces quelques mots, pour l’instant courtois, que Xavier Dolan ouvre une violente diatribe contre la plateforme de streaming Netflix.
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L’aspect-ratio est le terme anglais pour désigner le format d’image. Les utilisateurs anglais et irlandais de Netflix ont, en effet, dû être surpris en regardant le film du réalisateur québécois, ce week-end. Le fameux format carré, qui avait étonné toute la croisette à Cannes en 2014, reste identique et ne s’ouvre pas au milieu du film, comme prévu. Un changement étrange endossé par Netflix UK.
https://www.youtube.com/watch?v=PoFM4pWCAg0
Ce parti-pris visuel a une réelle utilité dans le film: il permet de traduire avec justesse les sensations d’enfermement et de libération des personnages. C’est ce que le jeune cinéaste de 26 ans a expliqué hier, dans un tweet, et dans une lettre cinglante, adressés à la version anglaise de Netflix.
@NetflixUK @metrodomegroup @eOnefilms @LesFilmsSeville pic.twitter.com/U7MvgUtlcf
— Xavier Dolan (@XDolan) 4 Janvier 2016
« Ne touchez pas à mon film »
Dans cette lettre bien écrite, il détaille pourquoi la décision de Netflix d’altérer le format de « Mommy », dessert sa puissance artistique et sémantique :
« En imposant au film un aspect-ratio carré permanent à l’aide de bretelles verticales de part et d’autre de l’image, vous brisez le pouvoir émotif de cette scène et d’une autre, tout aussi importante, éconduisez le sentiment d’oppression crucial que ce ratio infuse à l’histoire, et amputez le générique de fin de plusieurs noms en le rognant. »
Il ne s’arrête pas là et questionne le droit de Netflix de modifier son film:
Vous n’avez pas réalisé ce film. Vous ne l’avez pas écrit. Vous ne l’avez pas produit. Or, qui, à part moi, peut s’arroger le droit d’altérer mon film comme vous l’avez fait? Personne.
Le réalisateur québécois conclut sa lettre en renvoyant le géant américain à sa simple condition de « plateforme partageant le travail de réalisateurs » :
« Vous pouvez recadrer et distordre comme bon vous semble vos propres productions, mais ne touchez pas à mon film. Prenez-le tel qu’il vous a été donné, conçu et pensé ainsi pour une raison qui ne vous regarde pas, ou retirez-le. Le public est plus perspicace que vous ne le pensez, de toute évidence. »
Xavier 1. Netflix 0.
La lettre de Xavier Dolan a eu l’effet escompté. De nombreux utilisateurs l’ont re-tweetée, et Netflix s’est même excusé, penaud : « Salut Xavier, merci de nous en avoir informé. Nous allons nous en occuper ».
@XDolan hi Xavier, thank you for letting us know. We are looking into this.
— Netflix UK & Ireland (@NetflixUK) 4 Janvier 2016
Le distributeur québécois de Xavier Dolan, Films Séville, a ensuite confirmé, lundi après-midi, que Netflix UK avait accepté de diffuser le film dans sa version originale, expliquant avoir commis une erreur. Xavier 1, Netflix 0.
https://www.youtube.com/watch?v=dFlRcmgBMbI
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