Porté par un Timothée Chalamet passionnant, Wonka souffre d’un enjeu scénaristique trop platement marketing.
Récit des origines inspiré du roman de Roald Dahl, Wonka de Paul King (pas à son coup d’essai niveau film jeunesse puisqu’on lui devait jusque-là les deux volets de Paddington) s’achève précisément au moment où Charlie et la chocolaterie de Tim Burton commence, c’est-à-dire à l’usine. Si le Burton est une recherche de succession, et donc de leg de l’entreprise, celui de King raconte précisément l’inverse ; une difficile accession aux clefs de la fabrique et au statut de chef d’entreprise.
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Quand l’industrie repousse le merveilleux
On rencontre Willy Wonka (Timothée Chalamet) alors qu’il arrive sans le sous, mais des idées de recettes chocolatés plein le chapeau, dans une ville européenne aux charmes génériques : des enseignes écrites en français mais de grandes galeries marchandes calquées sur la Galleria Vittorio Emanuele II de Milan, des costumes bavarois et une atmosphère de bas-fonds urbains tirée du Londres de Dickens.
Pris au piège par une blanchisseuse et maîtresse d’hôtel véreuse (Olivia Colman), Wonka voit son rêve de chocolaterie entravé par une dette colossale et un travail harassant. À cet emploi forcé s’ajoutent aussi les bâtons dans les roues que lui mettent un cartel de chocolatiers inquiets de l’apparition d’un nouveau concurrent. C’est là le charme du film et sa limite, dans la mesure où quand Charlie et la chocolaterie vire parfois à l’indigestion de fantaisie, Wonka voit sans cesse son basculement dans le tout merveilleux ajourné par les péripéties.
À l’opposé du film loterie qu’est Charlie…, Wonka est véritablement un film start-up, où l’enjeu scénaristique repose sur la création d’une entreprise et la fidélisation d’une clientèle. En gros un pur récit marketing qui fait parfois penser à Barbie de Greta Gerwig dans cette façon de mettre le produit et la capacité à le vendre au centre.
Heureusement, il y a la silhouette filiforme Timothée Chalamet pour donner de l’épaisseur au film, non seulement par l’extrême malice de son jeu, mais aussi par ses performances vocales tout à fait à la hauteur d’une comédie musicale. Fascinant à regarder, il sauve le film de l’ennui qui le guette. On retiendra aussi l’amusante incarnation de Hugh Grant en Oompa Loompa (ces êtres nains qui seront par la suite les petites mains de l’usine de Wonka) qui risque fort d’être à Wonka ce que Baby Yoda fut au Mandalorian, ou Les Mignons à Gru, l’argument adorable d’une œuvre qui est loin de l’être.
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