Sélectionné à Cannes en 2021 dans la section Un Certain Regard, “Women Do Cry” raconte la trajectoire accidentée de plusieurs femmes contre le sexisme.
Autrices d’un premier long métrage présenté au festival de Locarno en 2019 (Un Chat dans le mur), Mina Mileva et Vesela Kazakova présentaient cette année à Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard, leur nouveau film de fiction Women Do Cry, un manifeste punk et féministe.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dans cette fable contemporaine, le duo de cinéastes bulgares issu du documentaire oppose au brouillard réactionnaire de l’époque, incarné dans le film par de violentes manifestations contre les théories du genre et le conservatisme d’un pays, les destins de femmes d’une même famille. Cette famille, assez particulière, est en réalité celle de l’une des réalisatrices, dont la plupart des membres sont déjà comédiens et comédiennes.
Crises
Women Do Cry raconte plusieurs histoires enchevêtrées, celle d’une jeune fille qui apprend sa séropositivité après les tromperies répétées de son amant, celle d’une jeune mère complètement délaissée après l’arrivée de son bébé et sujette à une violente dépression postnatale… Les violences faites aux femmes, le sexisme, la misogynie ordinaire, la sororité et l’homophobie sont les sujets de ce film qui ne ressemble à rien d’autre qu’à lui-même et dynamite tout sur son passage : linéarité, clarté et même amabilité. C’est un film qui n’a pas besoin de nous faire la cour pour qu’on l’aime.
Film de crise, Women Do Dry se réalise selon un principe de ruptures (de ton), de collisions (au montage), de confrontations et de consolations entre ces différentes actrices qui poussent leur corps à des degrés d’agitation assez phénoménale (elles n’ont peur de rien et surtout pas du ridicule). Ce sont des héroïnes, des sorcières qui déambulent dans les gravas d’un monde en ruine qui ne veut pas d’elles et qui les maltraite. À la vue de ces quelques beaux plans urbains délabrés qui composent la première partie du film, on songe au travail de Virgil Vernier et à cette façon de convoquer le mystique dans le trivial, le sublime dans le prosaïque mais avec une férocité ici plus aiguë. Women Do Cry est féministe parce qu’il prône une résistance et une révolution que sa forme, son outrage, son acharnement expriment à merveille.
Women Do Cry de Mina Mileva et Vesela Kazakov, en salle le 9 mars
{"type":"Banniere-Basse"}