Un premier film singulier prometteur, réalisé à huit mains, évoquant « L’enlèvement de Michel Houellebecq » et « Party Girl ».
Ces dernières années, l’ACID a révélé des films comme La Vie au ranch, La Bataille de Solférino ou Mustang. Il est donc impératif de se frayer un chemin dans la jungle des projos, vers la section la moins riche de Cannes, mais toute aussi féconde que les autres en découvertes…
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Du docu-fiction « avec de vrais gens »
Pour notre première incursion, on a donc croisé Willy 1er, premier film réalisé à 8 mains ! Le Willy en question est un sexagénaire bedonnant et resté bloqué mentalement à 13 ans, vivant toujours chez ses parents agriculteurs avec son frère jumeau. A la mort de ce dernier, Willy se retrouve comme amputé de la moitié de lui-même. Il déprime puis fait sa crise d’ado, répétant à ses vieux darons et à qui veut l’entendre la phrase-mantra du film : « j’irais à Caudebec, j’aurais mon appartement, mon scooter et des amis ! Et je vous emmerde !« . Willy est joué par un certain Daniel Viannet, acteur amateur dont le physique n’obéit pas exactement aux mêmes canons que celui de Brad Pitt.
Au départ, on est aussi indécis que face aux premiers films de Bruno Dumont. Lard ou cochon ? Doc ou fiction ? Foutage de gueule gênant des personnages ou noble effort pour faire accéder les gens ordinaires aux lumières de la fiction cinématographique ? D’une séquence l’autre, on comprend qu’il s’agit de la deuxième option. Le film est clairement avec Willy, qui n’est d’ailleurs pas si bête qu’il en a l’air. Ce que prouve son étrange amitié avec un jeune collègue de boulot, dont la véritable vocation est d’assurer un spectacle de travesti. Noémie Lvovsky assure un rôle secondaire d’assistante sociale avec son génie habituel, et les quatre co-réalisateurs montrent qu’ils savent observer un personnage, composer des plans et mener un récit. Sans oublier un sens de l’humour assez particulier…
Objet singulier, Willy 1er s’inscrit dans le sillage de ces fictions faites sur et avec des « vrais gens » comme, outre les Dumont, L’Enlèvement de Michel Houellebecq ou Party Girl. Une oeuvre qui prouve que tout peut devenir sujet et matière de cinéma.
Willy 1er de Ludovic et Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Thomas (France). Avec Daniel Viannet, Noémie Lvovsky, Romain Léger. ACID.
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