La culpabilité très chrétienne d’un macho de Little Italy : Scorsese établit son programme de (grand) cinéaste.C’est le premier long métrage de Martin Scorsese et, en le revoyant aujourd’hui, on est frappé de constater à quel point tous les motifs de l’œuvre à venir sont présents : du territoire à la tribu, en passant par […]
La culpabilité très chrétienne d’un macho de Little Italy : Scorsese établit son programme de (grand) cinéaste.
C’est le premier long métrage de Martin Scorsese et, en le revoyant aujourd’hui, on est frappé de constater à quel point tous les motifs de l’œuvre à venir sont présents : du territoire à la tribu, en passant par les interrogations spirituelles. Territoire ? Le film est entièrement tourné dans
le quartier de Little Italy, à Manhattan. Tribu ? Une bande de jeunes Italo-Américains tiraillés entre leur éducation catholique et l’attraction subversive du rock’n’roll des sixties. Cette partition binaire se retrouve tout le long du film. J. R. (Harvey Keitel, dont c’est le premier rôle) est ainsi partagé entre son amour pour une blonde virginale qu’il veut épouser mais pas « souiller » et les putes qu’il n’hésite pas, elles, à baiser copieusement. Même dichotomie radicale entre la façon de filmer la masculinité et la féminité. Les mecs forment une bande de potes protéiforme, filmée avec emphase, dans des lieux clos (cafés, appartements, voitures) renforçant le sentiment de familiarité. Les femmes, elles, sont donc soit des putes, soit des saintes, mais, dans tous les cas, J. R. les voit seul à seul, incapable de les inclure dans son quotidien. A la fin du film, à bout de culpabilité, J. R. cherche la rédemption dans une église alors que résonne la chanson-titre (une confrontation sulfureuse entre des icônes religieuses et un rock fiévreux, vingt ans avant Madonna et son clip Like a Prayer). La filmographie tourmentée de Scorsese ne fait que commencer.
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