Un « Piège de cristal » présidentiel, ayant la Maison Blanche pour décor unique, par le réalisateur d’Independence Day.
Cette dernière décennie, on n’a plus rien attendu d’autre de Roland Emmerich que de mettre tous les marronniers en vogue à contribution de son cinéma écervelé (écologie dans Le Jour d’après, apocalypse dans 2012…). Dans le même temps s’est aussi installée la nostalgie du blockbuster 90’s, école réactionnaire post-guerre froide (méchants russes) et préterrorisme (Amérique menacée sur ses terres), à laquelle son appartenance est acquise.
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Avec White House Down, l’artificier revient à la forme originelle de cet artisanat au moment même où celle-ci se pare d’un certain charme, d’un goût passé : son obsession candide pour l’anéantissement perpétuel de New York et/ou de la Maison Blanche (déjà Independence Day), manie un peu atemporelle, s’avère presque touchante.
Le film procède ainsi d’un esprit de conteur-casseur, savoir-faire appliqué qui repose sur une remarquable introduction – quasiment dépourvue de violence – dont l’écriture délicate et précise installe un lacis de personnages subtilement emmêlé : Channing Tatum luttant pour se réconcilier avec sa fille (Joey King, kid androgyne dont la débrouillardise invoque le Spielberg des années 80), le guide touristique couard puis peu à peu héroïque, Maggie Gyllenhaal en power girl bureaucrate…
L’agilité de White House Down réside alors dans une topographie à deux étages : l’astucieuse connexion qui lie ce réseau d’individus et de volontés à un programme classique d’explosions en série. Le décor unique (la Maison Blanche) se morcelle en une multitude de géométries (la cage d’ascenseur claustrophobique ou le jardin-terrain de jeux…), dont la richesse renouvelle scène par scène une double progression : celle du spectacle, et celle, intimement mêlée, de la dramaturgie des personnages.
Prenant la forme d’un “Piège de cristal” présidentiel – affinité entretenue visuellement à force de marcel maculé de sang et de cambouis –, White House Down s’investit de la façon la plus sincère qui soit dans un dynamisme de l’écriture qu’on croyait révolu dans le blockbuster moderne, et dont Roland Emmerich était, bien franchement, le dernier artisan duquel on aurait attendu ce renouveau.
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